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Arthur Bodin, ‘french’ maestro de la vidéo

Eternel curieux depuis l’enfance, Arthur Bodin redonne ses lettres de noblesse au ‘made in France’.

De la suffisance propre aux hauts potentiels intellectuels détectés tardivement, forts d’une longueur d’avance. Au premier abord, Arthur Bodin, dyslexique assumé, incarne une assurance professionnelle exacerbée, puisant sa légitimité dans la technicité de ses productions de haute volée. L’équipe ‘Excuse me I’m french production’ (EMIF) est allée jusqu’à décrocher un prix du Club de la presse du Gard pour sa vidéo promotionnelle de Nîmes Métropole. La même qui vaudra 600 applaudissements fougueux lors d’une présentation à Paloma. A l’hôtel Imperator, le producteur sirote son thé tout en gardant l’œil alerte sur son environnement. La passion le submerge, voilà qu’il monte dans les décibels au souvenir de ses aventures. Un signe de la main est nécessaire pour tempérer la machine. Il est comme ça, Arthur Bodin, la parole rapide et les idées qui fusent.

Le trentenaire assume avec aisance son milieu social, conscient de la chance dont il a pu bénéficier. Celle de divaguer au gré des pays, de prendre le temps de réfléchir à sa vie, lorsque les parents ne sont jamais loin en cas d’embuches financières. Enfant, une dame d’origine portugaise le surveille après l’école. D’elle il loue l’humanité profonde, des femmes qui l’ont élevé leur importance matricielle. « Elles sont bien meilleures que les hommes… », juge celui qui rend hommage à sa sœur, associée à la tête du restaurant nîmois La Locanda. Les parents sont experts-comptables, une famille aisée d’origine nîmoise, dont la réussite ne saurait cacher les horaires de travail à rallonge. A la maison, la cuisine est méditerranéenne, les discussions tournent autour du voyage, de l’opéra, du piano. Quant au grand-père maternel, nul autre que Marcel Sant, jadis en charge de la tauromachie à Nîmes. « Il y a encore des gens qui me parlent de lui aujourd’hui… », le temps passe, les figures restent.

EMIF s’affiche même sur les ‘sweats’. Photo : EMIF

L’école ? Un « calvaire », il redouble deux fois, tire des sarbacanes et remet en question les affirmations des professeurs. « On n’est sûr de rien, si ce n’est qu’on va mourir », un brin philosophe. « Je ne lâcherai jamais, j’aime ce que je fais, ça me rend heureux », confie celui qui, à travers ses productions, entend allumer une étincelle de conscientisation environnementale. Celle du manger moins mais mieux, du ‘consommer local’. Arthur Bodin ne se livre qu’une seule guerre, « celle du climat », en pestant contre les 25 degrés en cette mi-novembre.

Enfant il se pose mille questions. Qui a conçu ce verre, cette chaise ? Les documentaires sur la forge et l’artisanat le fascinent. Il nourrit très tôt un constat, l’artisanat français souffre d’un déficit de considération. La voix journalistique et l’intonation bien placée le propulsent à l’école de formation radio Paris Studec en 2010 où il réussit son concours d’entrée. Radio France ne tarde pas à lui ouvrir ses portes, Arthur Bodin fait ses armes sur les ondes de plusieurs antennes France bleu, mais également à Mouv’ ou Raje où il anime encore une émission avec son ami d’enfance, Baptiste Homo. Anecdote qui en dit long sur son attachement familial, c’est à France bleu Azur, le 2 février, que l’animateur souhaitera un bel anniversaire en direct à la figure paternelle.

Fortes d’une équipe de talents complémentaires, les prestations en communication d’EMIF se nourrissent d’horizons divers. Certainement des vestiges des pérégrinations de son fondateur, à commencer par une première aventure à 17 ans à Londres. En ramassant les verres dans un pub, le voilà au contact de Péruviens, Coréens ou Chinois. Le milieu de la diffusion audiovisuelle lui livre ses secrets à Paris, au cours d’experiences en tant que régisseur chez CALT production (série Soda avec Kev Adams), ou Virgin Radio. L’hyperactivité de la capitale a finalement raison de lui, « et puis ça m’oppressait de ne pas voir l’horizon mais seulement des tours à perte de vue… ».

A 24 bougies, Arthur Bodin tente alors de « se positionner sur l’échiquier de la vie ». En 2013, les réseaux sociaux n’ont pas le pouvoir (de destruction autant que d’accomplissement) d’aujourd’hui… Pourtant le réalisateur en herbe décèle le potentiel illimité de ces nouveaux médiums face à la boite cathodique. Les questions fatidiques. Comment monétiser le filon ? A qui proposer des capsules vidéo ? Avec quel contenu ?

Au ‘New city Gas’, à Montréal, Arthur Bodin se mue en barman, puis en responsable événementiel. La crème de la crème s’y réunit, des noms tels que Rihanna, Jay Z, David Guetta ou Xavier Nolan. Au contact de la clientèle internationale, Arthur Bodin entend les mêmes éloges sur le rayonnement de la culture française, son luxe, son art de vivre et sa gastronomie. « Alors que nous, Français, on a tendance à se dévaloriser, on n’est pas conscient de la chance que l’on a et de l’image que l’on reflète à l’étranger », pointe-t-il. C’est finalement un sticker ‘Excuse me I’m french’ collé dans les rues de Londres qui sera la révélation. « C’est à la fois arrogant et classieux, ça ressemble à la France », juge-t-il.

Tout est question d’observation… Photo : EMIF

‘Excuse me I’m french production’ nait sous la forme d’une association. « Je sais interviewer, je sais vendre, mais je suis nul en technique », reconnait-il à l’époque, celle du « boitier 70D », encore abordable en prix. Qu’à cela ne tienne, aux côtés d’Hadrien Desplas, alors journaliste sportif TV nîmois, il écume les salons ‘Made in France’, puis se lance dans son premier sujet : le jean Denim. « On interviewait des Parisiens sur l’origine du jean », un générique dynamique, un montage innovant, un contenu précurseur il y a 7 ans. Sans aucun contact dans le milieu, Arthur Bodin tape aux portes des mastodontes pour vendre son idée : M6, France 2, France 3… Au cours de ses entretiens avec la directrice des programmes d’M6, il peaufine son concept, « un jeune qui parle de vieux métiers à des jeunes ». Arthur Bodin se veut être le porte-drapeau de la jeune génération consciente, dans toutes les sphères, des BOBO au milieu populaire.

Dans un local à poubelles réaménagé du 8e arrondissement de Paris, il lance la machine et se rapproche du label ‘Origine France Garantie’. 5 capsules vidéo verront le jour, réalisées dans toute la France. Parmi elles : Quo vadis à Nantes, Blue bus à Quimper, Lafuma mobilier à Valence, Well au Vigan et Blanc bonnet à Lyon. Face caméra, il s’érige en envoyé spécial et incarne son slogan : « savoir-faire, faire savoir ». En 2016, Arthur Bodin crée son activité d’auto-entrepreneur aux côtés du réalisateur Simon Bouzanquet. Une alchimie s’installe, harmonie entre technique et commercialisation. Le marché est difficile, les entrepreneurs font « le dos rond », mais n’abandonnent jamais, à grand renfort de prospections. « On a eu une période très difficile, je me souviens je n’avançais pas », nous souffle-t-il.

Puis le travail porte ses fruits, des enseignes de renom signent, à l’instar de Bleuforêt , Ecusson cidre, Bachet joaillerie, Les Ateliers Grandis, Eiffage, l’Orchestre de Paris… 15 vidéos pour la RATP par-ci, 5 pour la société de propreté urbaine Océan par-là. Pour le Conseil départemental du Gard, Arthur Bodin et son équipe filment le Salon de l’agriculture, sans compter Joannes Richard et ses meilleurs burgers du monde, le Mas des agriculteurs, ou le Rugby club nîmois.

Arthur Bodin aux côtés d’agents de la RATP. Photo : EMIF
Le Mas des agriculteurs à Nîmes est également passé devant la caméra d’EMIF. Photo : EMIF

La force réside dans le positionnement Made in France, la sensibilité sociétale conjuguée à la technicité. « Tous les projets sont réalisables, les seules limites sont le temps et le budget », poursuit le fondateur qui, dès début 2024, basculera sur une nouvelle forme juridique pour accompagner la croissance. Une épopée qui se savoure grâce au collectif de talents créatifs et techniques, aussi bien en sons qu’en images. « Sans mon équipe je ne suis rien du tout », ponctue le passionné.

Linda Mansouri

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