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Rugby nîmois : Bienvenue dans la galaxie RCN

Fort de ses 13 ans d’ancienneté, Alexandre Salles nous plonge dans l’histoire du club et de ses projets. 

« C’est bien, mais sinon c’est quoi ton métier ? », des propos qui ont résonné plusieurs fois. Alexandre Salles se trouve être le Directeur administratif et financier (DAF) d’un club de rugby à 3 millions d’euros de budget, une soixantaine de salariés, 300 partenaires et plusieurs entités juridiques.

Une constellation d’étoiles avec à son centre le club de rugby de Nationale 2. Ce même club est propriétaire de la brasserie Le Drop, laquelle affiche 400.000 euros de chiffre d’affaires. « On a un potentiel de 800.000 euros », nous souffle le DAF.

Le club est également fondateur du Fonds de dotation RCN en faveur de la RSE, Responsabilité sociétale des entreprises. « On le met à toutes les sauces mais c’est factuel, le rugby est l’école de la vie. On n’a pas lu une seule ligne d’incident durant le mondial », prend-il pour exemple.

Être un acteur engagé en faveur de son territoire, le leitmotiv qui a conduit le club à récolter 15.000 euros pour l’association ‘Les roses du Gard’ contre le cancer du sein. Plus récemment, l’inclusion sociale était à l’honneur via le Tournoi des six quartiers. Un centre de loisirs et de formation est également à l’étude, à l’image du club de Béziers.

Loin de se résumer à une appellation pompeuse, le business club fait ses preuves. En témoigne cette cheffe d’entreprise qui au moment de son bilan comptable appellera aussitôt Alexandre. « Elle avait gagné 50.000 euros de chiffre d’affaires via le réseau RCN », rapporte-t-il. Au total, le RCN cumule 1,3 million de chiffre d’affaires réalisé sur les partenariats privés, aux côtés des 700.000 euros de subventions publiques.

Une vente aux enchères a rapporté plus de 15 000 euros en faveur de l’Association Les Roses du Gard. Photo : RCN

Un écosystème qui ne cesse de se structurer autour de pôles transversaux : commercial, évènementiel, secrétariat ou communication. Récemment, une SAS a vu le jour avec ouverture du capital aux « socios ».15.000 actions sont émises, pour un total de 20.000 actions et 150 actionnaires maximum.

Alexandre Salles déroule le fil de l’histoire avec une aisance déconcertante. Une seule question appelle à tout un pan de l’histoire du RCN. Il gravit les échelons, de chargé de communication à responsable administratif. Il n’oublie pas pour autant les épisodes douloureux, comme le plan de redressement de 2012 à 2020. Les efforts portent leurs fruits, le chiffre d’affaires passe de 800.000 euros en 2012 à 1,6 millions en 2020.

Grâce en partie à une internalisation de la gestion des partenariats et l’accompagnement de dirigeants qui intègrent le comité directeur du club, à l’image de Steeve Calligaro (Directeur général AdProduction Hopps group) ou Romain Tissot (fondateur de Tissot immobilier). Olivier Bonné, président entre 2012 et 2021 a joué un rôle « prépondérant» de l’avis d’Alexandre Salles qui poursuit : « Il a été un Président besogneux qui a su redresser la barre d’un club qui fonçait dans le mur ». 

Les Nîmois l’ont emporté 25 à 16 face à une solide équipe de Fleurance, devant plus de 2500 supporters. Photo RCN

« Un entretien lunaire »

Major de sa promotion en BTS communication, celui qui se voyait journaliste sportif monte il y a quelques années dans l’Oise pour un stage dans un club de volley. « Je m’aperçois qu’il y a plein de métiers dans le sport », il descend ensuite à Nîmes, aucun contact, aucun réseau. C’est Claude Pontaud, dirigeant de la brasserie Les Trois Maures, aujourd’hui la Brasserie des Antonins, qui le sollicite pour prendre les rênes de la communication du club.

« Il m’appelle de sa voix légendaire. L’entretien est lunaire, il a duré une minute et demi en tribune », se souvient-il avec le sourire. Fédérale deux, fédérale une, fédérale trois, national 2, le club vit au rythme des performances et des chamboulements économiques. Quant à Steeve Calligaro, actuel président, Alexandre Salles fait sa rencontre sur un cours de tennis. « On échangeait par mail depuis 15 jours sans le savoir », se souvient celui qui loue la vivacité d’esprit de son président. « Il a apporté un gros coup de booste avec un vrai leadership et une vision je dirais ‘business’ du club », résume le DAF.

Traditionnel repas des partenaires s’est déroulé au Restaurant Georgi’AU By Jérôme Nutile. Photo : RCN

Le Drop, un outil à « fort potentiel »

Tous les clubs n’ont pas la chance de bénéficier d’un outil de cet acabit. En janvier 2020, le club rachetait le fonds de commerce de la brasserie Le Drop. 450 m², 250 m² accessibles au public qui révèlent un large potentiel d’exploitation. « On a digéré l’intégration du Drop dans notre fonctionnement pour mutualiser les ressources Club et Drop », précise Alexandre Salles. Privatisation, business club, évènement d’entreprise ou large public, le Drop entend accueillir diverses manifestations. CCI, Banque Populaire, concessions automobiles s’y retrouveront pour leur réunion commerciale.

« On va changer le nom pour marquer une rupture », la carte et l’agencement ont également fait peau neuve. Jusqu’ici ouvert uniquement les midis, le Drop ne se refuse pas une ouverture en soirée à l’occasion d’afterwork. « On a créé un pôle événementiel, on ne fait que traiter la demande entrante pour le moment », conclut le DAF qui rappelle à loisir que le stationnement est très facile.

« Les ‘socios’ auront 75% du capital du club »

Tous les curseurs sont en hausse, pour se doter d’un outil juridique compatible avec son chiffre d’affaires et sa masse salariale, le club vient de créer une SAS. Un tournant décisif dans l’histoire du RCN, le capital s’ouvre désormais aux « socios ». Dans un premier temps il s’agira des particuliers souhaitant acheter des actions et participer, via un représentant, aux assemblée générales pour débattre des orientations budgétaires.

A l’image du « club du Barca détenu par 150.000 actionnaires », indique le DAF. Les ‘socios’ auront in fine 75% du capital du club. Le deuxième volet interviendra au printemps avec l’ouverture du capital aux entreprises dans l’optique de fédérer le monde économique et de faire prospérer le club local. Une question se pose, les partenaires ne réduiront-ils par leurs participations au profit d’achats d’actions ? « Un partenaire n’arrêtera pas de l’être, sinon il enlèverait des moyens à l’entreprise dans laquelle il est actionnaire », CQFD. Le club a d’ores et déjà reçu une centaine de demandes.

Aucun dividende versé

C’est inscrit sur les statuts, aucun dividende ne sera versé, aucun retour sur investissement. L’enjeu ici consiste à développer un capital social qui constituera une « réserve pour l’investissement ». C’est aussi un outil plus crédible vis-à-vis des banques… « L’important est d’être à l’équilibre à la fin de l’exercice. Si une entreprise veut investir de l’argent pour son ROI (Retour sur investissement), ce n’est pas dans un club sportif qu’elle le fera… », souligne le DAF. Quant à la participation aux décisions, aucun risque pour la gouvernance. « Pour garder le club pilotable et éviter la cacophonie, les fondateurs auront un pouvoir décisionnaire prépondérant », précise Alexandre Salles.

« Les mecs du quartier ? T’es fou, ça va être le bordel »

Le projet date de 2012, renouvelé chaque année avec succès. Le Tournoi des six quartiers prioritaires voit s’affronter sur le terrain de rugby une centaine de jeunes, sous le regard de l’édile de Nîmes.  « Les mecs du quartier ? T’es fou, ça va être le bordel » lui disait-on aux prémices. « Et bien ça se passe toujours bien, ils se régalent. Ça leur montre autre chose, leur inculque les valeurs universelles du rugby, le respect de l’arbitre », liste-t-il. Prochaine étape en prévision, installer un village rugby RCN avec un terrain gonflable de 200 m² au cœur même des quartiers.

De retour de Béziers, Alexandre Salles nous livre un nouveau projet. Le RCN pourrait bientôt lancer son propre centre de loisir et de formation. Seront concernés notamment les ‘Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport’ (BPJEPS), des jeunes apprentis évoluant au RCN, ou les jeunes Espoir avec un double projet professionnel et rugbystique. Ou l’art de mutualiser les étoiles de l’écosystème. La boucle est bouclée.

Linda Mansouri 

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