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Emiliano Marcos, océan d’altruisme

L’entrepreneur nîmois conjugue avec brio innovation, performance économique et inclusion sociale.

Plusieurs fois des propositions alléchantes de rachat ont été aperçues sur son bureau. La SAS Océan propreté ne se vendra pas à plus offrant, la transmission en interne est déjà à l’œuvre. L’époque n’est pas si lointaine, où avec son épouse Christine, ils œuvraient de minuit jusqu’à 7h pour vider les conteneurs à déchets des aires d’autoroute. Avant d’enchainer sur une deuxième journée de balayage, c’est leur fils Michael qui veillera sur ses sœurs à la maison.

A l’époque, la société de collecte de déchets et de propreté urbaine en est à ses balbutiements avec trois salariés et un camion. « Les marchés publics me faisaient peur. J’ai souffert de ne pas être structuré au début », nous confie la figure emblématique nîmoise dans son bureau.

Depuis, la société a pris le large. En témoignent quelques nombres évocateurs : 23 millions d’euros de chiffre d’affaires en prévisionnel pour 2023, un parc de véhicules et d’équipements de 205 matériels, un marché de plus de 100 communes gardoises, 270 salariés et 23 ans d’ancienneté.

« Les arènes de Nîmes sont un test. Si mes agents tiennent six jours à les nettoyer pendant la féria, alors je peux leur faire confiance pour la suite », livre Emiliano Marcos qui les a nettoyées quatre années durant.

Passés les chiffres, l’innovation forme l’ADN de la SAS Océan propreté (le nom tient de la passion de son fils étant petit). Vous avez certainement aperçu un agent au bord de ce triporteur dans l’écusson. Il peut y passer jusqu’à six fois par jour pour vider les corbeilles.

Le Virto’Tri 2 est 100% électrique, développé et commercialisé par la société Océan-Concept, filiale d’Océan Propreté. Un équipement avec bacs à tri et batterie, pouvant porter jusqu’à 350 kilos. Autrefois inexistant sur le marché, de nombreuses communes le plébiscitent aujourd’hui telles que Bordeaux, Lyon, Montpellier ou Marseille. Huit sont en précommande pour Suez.

Et comme l’on n’arrête pas le progrès, le Virto’2C est désormais en circulation sur le marché de la livraison sur le dernier kilomètre. N’oublions pas l’ombrière photovoltaïque de 160m² au siège nîmois, prochainement étendue à 250m² pour atteindre l’autonomie en énergie propre.

Les agents peuvent passer jusqu’à six fois par jour dans l’écusson nîmois. Photo : Océan propreté

« Tendez-leur la main, donner-leur une chance »

Outre sa démarche environnementale, Océan propreté est un acteur de l’inclusion à part entière. A travers son centre de formation et son centre d’apprentissage métier qui ouvrira prochainement, Emiliano Marcos permet à des populations isolées de renouer avec le marché de l’emploi. Lors de son discours de parrainage à Initiative Gard en 2020, il se livre sans ambages aux chefs d’entreprise. « N’hésitez pas à vous rapprocher de la vie associative dans les quartiers, tendez-leur la main, donner-leur une chance », ses propos résonnent encore. 

« Je suis issu des quartiers, si j’ai réussi à entreprendre, ils peuvent le faire aussi. Ce n’est pas une fatalité, si on doit les aider, on les aidera », poursuit l’entrepreneur. En matière d’aide, Emiliano Marcos a la main généreuse. La société n’hésite pas à distribuer des dotations et des dons à HumaNîmes qui œuvre à Pissevin-Valdegour. « Ils sont très transparents, il y a une traçabilité totale sur l’utilisation des fonds », juge-il. Il met en contact avec son réseau, accompagne ‘Sport 30 event’ ou les clubs de foot du Chemin Bas et du Mas de Mingue, pour ne citer qu’eux.

Surtout, Océan propreté accueille 21 personnes en insertion dans le cadre de son agrément ‘Entreprise d’insertion’ obtenu en septembre 2020 auprès de la DDETS.  Bénéficiaires du RSA, chômeurs de moyenne et longue durée, femmes éloignées de l’emploi peuvent ainsi se former au sein de la société. « Espace vert, chef de chantier dans le BTP, métiers de transport, notre rôle est de les accompagner au plus vite vers une sortie dynamique, en fonction de ce qui leur plait », explique-t-il.

250m² d’ombrière photovoltaïque seront bientôt en service au siège, ancienne route d’Avignon à Nîmes. Photo : Océan propreté

1972 : arrivée à Valdegour  

Donner un coup de pouce à ceux qui comme lui sont issus des quartiers prioritaires de la ville. De parents espagnols arrivés en 1972 à Valdegour pour participer à la construction de la ZUP, Emiliano Marcos expérimente « la vraie mixité sociale ». « Dans une même cage d’escalier, on retrouvait six ethnies différentes. Quand les parents allaient aux courses, ce sont les voisins qui surveillaient les enfants. Il n’y avait pas d’insécurité, on jouait au ballon. A l’école il n’y avait aucune différence entre nous », se souvient-il non sans nostalgie.

Après un passage à l’armée en 1983 où il obtient son permis poids lourd, Emiliano Marcos ouvre un kiosque à frites et plats espagnols à côté des Halles de Nîmes jusqu’en juin 1985. C’est au sein de la biscuiterie Arena qu’il s’exercera par la suite à la production de viennoiseries jusqu’en 1990.

Sa carrière prend alors le virage que l’on connait. Monsieur Causse, détenteur du marché de propreté des Halles part à la retraite, Emiliano Marcos tente alors de prendre la relève mais le contrat lui échappe. « Il m’a néanmoins appris le métier, comment faire les balles de cartons et de cagettes », se souvient-il empreint de reconnaissance. Il ne lâche pas cette voie et intègre différentes sociétés dans le secteur des déchets pour finir dans une multinationale.

Février 2000 : trois salariés

A la création de sa société en 2000, le premier client n’est autre qu’Autoroutes du Sud de la France, aujourd’hui Vinci. « Petit à petit, on a essayé d’étoffer cette structure, avec une ambition qui n’était pas celle d’aujourd’hui », précise-t-il. Les clients sont alors essentiellement des acteurs privés tel que McDonald’s. Puis viennent les premiers villages pour un service de nettoyage à la carte, des marchés sur simple consultation. C’est l’installation en Zone franche urbaine, secteur Valdegour Bellevue à Nîmes, qui permettra une baisse de charges et les premiers investissements.

La société sera bientôt transmise aux cadres qui ont fait leur preuves. Photo : Océan propreté

Les premiers marchés publics

Le premier marché public de collecte de déchets ménagers est obtenu en octobre 2001, auprès du Smictom regroupant Saint-Chaptes, Saint Anastasie, Dions et la Calmette. « Ça nous ouvrait droit à aller vers d’autres marchés d’un même montant, c’était une étape décisive pour nous », indique l’entrepreneur.

Puis en 2003, la reconnaissance du travail tombe. Océan propreté décroche le marché nîmois de la collecte et de la propreté, sur les quartiers Chemin Bas et Mas de Mingue. 19 emplois sont à concrétiser en partenariat avec les centres sociaux Jean Paulhan et André Malraux. Progressivement, Emiliano prend la casquette de superviseur, contrôle les équipes et la qualité de la prestation. Une ribambelle de communes feront confiance à la société, à l’image d’Uzès (notre article ici) pour collecter les déchets après les marchés du samedi ou la foire aux vins.

Des ambitions politiques ?

Avec un frère maire de Bezouce et un engagement aussi profond, Emiliano Marcos n’a-t-il jamais été tenté par la politique ? « Beaucoup me l’ont demandé, ça ne m’anime pas du tout, nous répond-il. En effet, 80% de notre activité est adossée aux collectivités de tous bords. Notre rôle est là, dans l’écoute, la réactivité, pour rendre la confiance donnée. »

Surtout, Océan propreté ne se substitue pas au personnel communal. « Notre force est de venir en complémentarité des agents communaux pour être facilitateur. En cas de panne ou de maladie par exemple », explique-t-il.

Les oliviers d’Andalousie

Pour la suite, la démarche de transmission est déjà engagée à son fils Michael, directeur administratif et financier, mais aussi à Salem Benaïssa, directeur des Exploitations ainsi que Jean-Claude Escorihuela directeur du développement « qui ont fait leurs preuves ». « Qui mieux que les gens qui  nous ont accompagnés dans la croissance ? », conclut le chef. Son futur, il le dessine au milieu de ses 2000 oliviers en Andalousie où il produit son huile d’olive. Et bien sûr, aux côtés de son pilier, son épouse.

Linda Mansouri 

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