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Boulevard Amiral Courbet, ‘Book’in Nîmes’ ou l’irréductible Gaulois

Une ode au livret du CD que l’on feuillette, à l’encyclopédie que l’on dévore, aux mangas de seconde main et aux vinyles intemporels.

Il tient tête contre vents et marées. Jean-François Chou, 51 ans, œuvre depuis 1994 dans cette échoppe nîmoise de la culture et du divertissement. Premier témoin de la mutation de notre société et des tendances de consommation, le tenancier a assisté, non sans inquiétude, au développement des galeries commerciales interminables, des magasins franchisés impersonnels, des sites e-commerce gargantuesques vendant tout jusqu’à l’inimaginable. Résultat : le chiffre d’affaires de la boutique a été divisé par trois en 20 ans. Une baisse de chiffre qui ne saurait décourager le gérant de ces 50 m² de savoirs. « Ce qui fait la différence ici, c’est la chaleur et la proximité. En grande surface, vous pouvez toujours attendre pour avoir un renseignement… », nous confie Bruno, habitué de la bouquinerie qui y achète et y vend également ses livres et films. Une autre cliente abondera : « j’aime bien venir ici, des fois j’ai droit à des réductions ».

Voilà toute la puissance du commerce de proximité nîmois et de Jean-François Chou, passionné de football, qui n’hésite pas à décorer sa caisse avec le cru Nîmes Olympique 1965. Ici, plusieurs univers se mêlent dans un ordre harmonieux. A commencer par les livres qui font 60% des ventes, dont certaines rares collections du 18e siècle, ou ‘L’Histoire de la Marine’ de 1850. Les genres son propices à l’évasion : littérature française et étrangère, art, histoire, cinéma, cuisine, ésotérisme… Sans compter les 33Tours du roi de la pop et autres monuments de la musique, les BD et mangas à foison, les DVD de Marcel Pagnol qui partent comme des petits pains et enfin les figurines Star Wars et autres personnages de science-fiction. Une aubaine pour les étudiants disposant d’un petit budget, et les Nîmois travaillant en centre-ville à la recherche d’une nouvelle lecture.

Les CD sont légion, du rock à la pop, en passant par la techno ou le classique, « le son est meilleur, les gens aiment feuilleter le livre à l’intérieur, découvrir les illustrations et l’univers de l’artiste », juge le gérant qui compte en moyenne une cinquantaine de clients par jour. Dans cette boutique ouverte entre midi et deux, Jean-François Chou achète les livres en bon état auprès des particuliers, pour les proposer à la vente. Comptez environ trois euros pour six livres de poche. Quant aux offres, pour 3 livres achetés, le 4e est offert.

Vous trouverez nul doute votre nouvelle lecture. Photo Linda Mansouri

Déjà jeune, Jean-François Chou est piqué par la musique, notamment par les vibrations du rock. Pour valider son BEP commerce, Il débute en tant qu’apprenti vendeur au sein de la chaine de produits culturels Nuggets qui comptait à l’époque deux boutiques à Nîmes : Ville active et centre-ville. L’arrivée d’une enseigne du multimédia florissante viendra sonner le glas. Dans la droguerie de ses grands-parents à Vauvert, il se découvre une certaine aisance, il parle facilement, n’hésite pas à aller au contact. « Ce qui m’a plu, c’est le conseil client, les gens nous font confiance, c’est très gratifiant », se réjouit-t-il.

A l’époque, les commerces ont le vent en poupe, les clients affluent. En 1996, Jean-François Chou bifurque en tant que responsable salarié de la boutique actuelle Book’in Nîmes. La chaine compte alors 9 magasins en France, lancée par un fondateur originaire de Sommières. Puis il reprend la gérance en 1998 avant de racheter le fonds de commerce il y a 5 ans. L’arrivée des centres commerciaux excentrés nîmois, « a fait mal au centre-ville », rembobine Jean-François. Suivront la crise internationale des ‘subprimes’, le boom du e-commerce et récemment l’inflation redoutable.

L’échoppe se situe boulevard Amiral Courbet à Nîmes

 « On est un peu la 5e roue du carrosse, acheter des livres et de la musique n’est pas une priorité », quand les prix flambent. Pour l’avenir, il reste circonspect au vu des nouvelles mutations de la consommation de la culture et de la digitalisation à outrance. Une fois à la retraite, Jean-François Chou pourra revendre son fonds de commerce aux repreneurs pour y voir naitre une toute autre boutique. En attendant, les nouveaux produits ne cessent d’affluer et sont à découvrir sur la page Facebook dédiée.

Linda Mansouri

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