Article et photo : Linda Mansouri
Plongez dans l’histoire du génie du ‘Pop art’ qui signe une nouveauté aux ‘Jeudis de Nîmes‘.
L’artiste peintre évolue aussi bien à Saint-Tropez qu’à l’international. Pour autant, il reste fidèle à la ville qui lui a donné sa chance. Jusqu’à y organiser les ‘Jeudis art’, un Montmartre nîmois, coup d’envoi le 6 juillet au Square Antonin. Melvyn Barros se nourrit de l’actualité pour sublimer son travail. Sans même s’en rendre compte, ses toiles revêtent une aura sombre dans ses périodes d’incertitude. L’art fait partie de lui.
Dans sa galerie rue Emile Jamais, les couleurs interpellent les passants. L’esthète nous abonde de sa culture de l’art, il jongle entre Warhol, Roy Lichtenstein ou Picasso. La notoriété ne saurait cacher ses pérégrinations. Melvyn Barros a gagné ses lettres de noblesse à la sueur de son front. Dix ans en arrière, il se souvient de ses premiers jours à l’atelier. Il compte alors les toiles qu’il lui faut vendre pour vivre. Aujourd’hui, il savoure cette liberté de refuser des commandes qui ne correspondent pas à son ADN.
« Je suis parti de rien », fils d’un étalier sur les marchés et d’une ex-James Bond girl et mannequin (Béatrice Libert), il apprend sur le tas. Après un cursus d’art, il choisit le dessin. Il vit de petits boulots pour se faire un pécule, tout en exposant. « Si je vends rien, je suis mort », en somme son dilemme à l’ouverture de l’atelier. Il vend finalement un tableau, un mois de répit. Puis un jour en vend deux, ultime soulagement. Il vit au fil de l’eau quand son entourage lui glisse : « t’es fou, la vie d’artiste, c’est trop difficile ».
Il ne vous dira pas le contraire, surtout dans le ‘pop art’ où « tout le monde s’engouffre ». A contre-courant des dominances artistiques dans les années 2000 à Nîmes, il s’affranchit de la tauromachie. Il ne prend la place de personne, surtout pas de ses sources d’inspiration locales : Michel Tombereau, José Pirès, Philippe Roussel, Charles Stratos, Albert Martin. Melvyn Barros s’inspire alors de Speedy Graphito, ‘street artiste’ qui détourne les références populaires. Très rapidement, le vivier local lui donne sa chance : Le Barberousse, Le Victor Hugo ou Le W. Il s’inscrit dans ce cercle de jeunes qui inspirent avec l’entrepreneur Nicolas Stevanović (notre article ici), le ‘street artiste’ Swed Oner (notre article ici) ou Joannes Richard, champion de France du Burger.
« Ma plus grande peur : qu’on me mette dans une case »
« J’aime trouver la meilleure subtilité, que ce soit à la fois décoratif, dénonciateur et techniquement aboutit », explique-t-il. L’artiste tient à ce que le message soit clair tout en surchargeant le moins, un vrai défi. Par-dessus tout, il se réinvente, s’ouvre en permanence. « Ma plus grande peur : qu’on me mette dans une case », nous confie-t-il le jour de ses 39 ans.
« Il y a toujours un message cinglant, derrière des personnages légers comme les ‘cartoon’ », ainsi se résume son art. Il dénonce politiquement, socialement. Il aborde la place de la femme, la société de consommation et les injonctions permanentes du « vivre ensemble ». Il effleure également l’hypocrisie, le racisme qui ne dit pas son nom. « Je ne suis pas un artiste qui révolutionne mais qui évolutionne », il fait briller la romanité au même titre que la tauromachie.
Une histoire de toiles trouées
Lycée Charles Gide à Uzès, il décroche un 20 au bac en art plastique, et se positionne dans le top 3 dans le Gard. Direction Vauban pour faire plaisir à ses parents, il cumule deux Licences et un Master d’art plastique et d’art appliqué. Il se réjouit aujourd’hui lorsque le Président de l’Université de Nîmes lui propose des collaborations avec les étudiants.
C’est la galerie Corps et âme qui lui met le pied à l’étrier il y a 13 ans. Une « rencontre fortuite » dans la rue, et des toiles trouées. On lui propose alors d’exposer. Lors du vernissage, un monde fou. « On était peut-être 300 personnes, je suis très social, ça donne de l’engouement », précise l’artiste.
Il s’associe alors avec Véronique Persy, sculptrice de renom. Ils trouvent le local, font des travaux, l’aventure débute. Aujourd’hui, Melvyn Barros travaille avec La PrestaArt gallery à Uzès. « Un artiste a qu’une seule signature, une galerie en a plusieurs. Mais beaucoup de galeries, notamment la Bear galery ou la Galerie urbaine à Uzès fonctionnent ensemble car ils n’ont pas les mêmes clients », souligne-t-il.
L’affiche off de la feria
Elle mesure 2m sur 1m30. Voilà 10 ans qu’il signe l’affiche off de la feria de Nîmes. Chaque édition a droit à son sujet atypique. Comme l’affiche sauvage avec moults animaux suite à la montée des eaux. Ou cette tête de toro qui a mis le public à contribution. « Je leur avais demandé ce qu’ils voulaient voir à l’intérieur », indique l’artiste.
Il réunit des personnages des années 80, 90 qui n’ont rien à voir ensemble et trouve le liant. Sans compter le sublime portrait de Frida Kahlo. Il s’inspire des artistes japonais, américains ou espagnoles. Sur l’affiche 2023, 23 artistes sont représentés : Magritte, Warhol, Julien Durix, Basquiat, Combas et tant d’autres. La pomme de Magritte est remplacée par une grappe de raisin, Chaplin se présente en torero.
De l’USAM au Petit pâté nîmois
Melvyn Barros s’est construit au fil des collaborations. Il fait un jour un tableau remis au gagnant du concours du Petit pâté nîmois. Sans compter sa patte artistique sur les maillots portés par les joueurs de l’USAM. « David Tebib m’a donné cette chance. C’est la première fois que les joueurs portent un maillot fait par un artiste peintre, et non en édition collector », se réjouit-il.
Parce que l’artiste a aussi le cœur sur la main, Melvyn Barros vend à petit prix des toiles abimées. L’argent est reversé à des personnes sans domicile fixe de Nîmes. « Je leur ai fait le plein de courses. Ça ne change pas leur vie, mais au moins une journée, et leur donne de la dignité », précise celui qui travaille également avec Nîmes Métropole pour les Vendredis de l’Agglo.
Les Jeudis ‘art
Il est un jour contacté par la municipalité dans l’optique de redynamiser les Jeudis de Nîmes. « Je voulais rendre hommage au Déjeuner sur l’herbe de Manet, recréer un petit Montmartre nîmois. Les artistes prennent leur chevalet, peignent et vendent leurs œuvres », explique-t-il. Des artistes émergents qui n’ont pas forcement l’opportunité d’exposer leur art, des étudiants férus de manga, de BD, de l’Université de Nîmes.
Sans compter Albert Martin, 82 ans, qui peindra en public après cinq ans d’absence. L’occasion également de travailler avec son frère, l’artiste illustrateur VassVisual (Dylan Malval) et des amis comme Eddie Pons. Reste à mettre en place la communication, la sélection des artistes, la logistique… Melvyn Barros jongle également avec une dizaine de commandes. Le maestro du pinceau est infatigable.
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