Article et photo : Linda Mansouri
Plongez dans l’univers de Nicolas Stevanović, à la tête de l’enseigne NS Concept.
Jean-Paul Fournier, édile de Nîmes, avait tenu à être présent lors de l’inauguration du showroom rue Régale en 2019. A ses côtés, une pléiade de personnalités politiques dont Franck Proust, président de Nîmes Métropole, des chefs d’entreprise et des soutiens de la première heure. Nicolas Stevanović, 34 ans, a su tisser son empire en seulement six années d’existence. Un long parcours digne de la méritocratie française pour ce fils d’immigré serbe. Dans la besace, aucun diplôme prestigieux, plutôt une intelligence humaine et une détermination à toute épreuve. Les clients, eux, ne cessent d’affluer, à grand renfort d’éloges sur l’offre NS Concept.
Il nous reçoit dans son fief nîmois, une bulle d’élégance ancrée dans le territoire. Les mannequins qui ornent le mur ne sont autres qu’Elohim Prandi ou Renaud Ripart, immortalisés au cœur du cinéma CGR Nîmes. La toile colorée de l’univers Peaky Blinders est signée de la main du talentueux Melvyn Barros. Sur le côté, une ribambelle de parutions presse qui ont ponctué l’aventure NS Concept. Le succès est au rendez-vous : le chiffre d’affaires passe de 320.000 euros en 2019 à 650.000 en 2022.
A la manette, un homme d’affaires qui n’hésite pas à multiplier les investissements. Société de vêtement, parcelles de terrain agricole, appartement, locaux commerciaux, Nicolas Stevanović est un touche-à-tout. Une source de motivation pour la jeunesse évoluant hors des sentiers battus et des longues études brillantes. « Je ne me suis jamais senti à l’aise dans le système scolaire actuel », nous confie le chef d’entreprise qui s’émerveille chaque jour de l’artisanat, « avec un fil et un bout de tissu on peut créer un très beau bout de vêtement ». Non content de vendre 3000 costumes à l’année, 5000 chemises et 700 paires de chaussures, le capitaine de navire peaufine déjà ses futurs projets.
Parmi ces derniers, AS pressing et retouche (en hommage à sa fille, Anastasia Stevanović) verra le jour prochainement, rue des Fourbisseurs. « C’est une activité complémentaire, une autre vitrine de NS Concept. Je prévois de recruter deux personnes », précise le chef d’entreprise. Après l’ouverture d’un showroom franchisé à Nice en juin dernier, une autre ouverture est prévue à Montpellier fin 2023. « Des personnes fidèles souhaiteraient nous voir là-bas, il y a un vrai besoin et c’est à seulement quarante minutes », explique le fondateur. Sans compter une marque de prêt-à-porter qui verra le jour en 2024.
La force de NS Concept ? Une offre diversifiée, une personnalisation à souhait, des prix abordables et un commandant de bord à la pointe du relationnel. Jean, costume, chino, chemise, soulier, cinq salariés s’affairent à chouchouter la clientèle. « On participe à des jours heureux, on fait partie du bonheur de nos clients », nous glisse Virgil, maître tailleur.
Nicolas Stevanović supervise, avec le soutien de son épouse, Jelena, pilier de la première heure. « Elle s’occupe de la partie logistique et commande auprès des usines, et enchaine avec sa deuxième journée pour s’occuper des enfants », explique-t-il, empreint d’admiration. Un peu trop perfectionniste le patron ? « Je ne saurais pas vous dire », nous rétorque-t-il. Axel, conseiller en style, confirmera en arrière-plan : « oh oui, il l’est ! Et c’est contagieux avec toute son équipe en plus ».
De la tête au pied à une seule adresse
NS Concept, c’est tout d’abord le confort de trouver sa tenue complète à une seule adresse. Finie la course dans le dédale nîmois à la recherche de ses trésors. Hommes et femmes peuvent s’habiller de la tête au pied, pour une cérémonie ou la vie quotidienne, avec en prime l’accompagnement d’un conseiller en style. « C’est un gain de temps et d’argent », abonde Nicolas pour qui les clients « cherchent le sur-mesure mais surtout la personnalisation ». L’occasion de se démarquer et d’affirmer son style, loin de l’homogénéisation des costumes provenant de grandes chaînes.
Doublure léopard, tissu pailleté, bouton doré, initiales argentées ? A vous de choisir. Une expérience unique pour un costume qui vous ressemble. Le tout avec la personnalisation offerte. Plus de 1000 tissus proviennent d’Italie, le cuir d’Espagne. Sans compter une centrale d’achat propre à NS Concept qui permet les meilleures négociations et in fine le prix client le plus avantageux.
« Je passe directement commande auprès des usines et cherche mes propres fournisseurs. Nous n’avons aucun intermédiaire », explique-t-il. Le tout premier client ? La famille Bianucci à la tête de la société locale florissante : Bianucci matériaux. Le bouche à oreille a ensuite eu son effet, sans compter les cinq salons du mariage à l’année et les connexions avec le milieu associatif sportif.
« J’inonde Paris de CV »
C’est pourtant loin de la ’Rome française’ que le fondateur a vécu ses premières années. Son père naît à Belgrade avant d’emménager en banlieue parisienne. Une famille quelque peu modeste avec une solide culture du travail. Très bon en la matière, Nicolas Stevanović trouvera son refuge dans le football. Un premier périple en sport étude, avant de faire carrière durant douze ans dans le football professionnel.
A 24 ans, sans aucun diplôme, il prend la direction de la capitale. « J’inonde Paris de CV », se rappelle-t-il. Habillement, bijou, tous les magasins y passent. Arrivé sur le boulevard Haussmann, une boutique de sur-mesure lui fait de l’œil. Il abordera le personnel avec le dernier CV qui lui reste, niché dans sa poche. Coup de chance, la direction recrute et le convoque le lendemain à 9h. Rapidement, Nicolas Stevanović fait ses preuves et dévoile ses talents.
Conseiller en style, adjoint de boutique au bout de six mois, responsable de boutique au bout de neuf. Il développe la deuxième boutique et en ouvre une troisième. Le futur entrepreneur vient de naître. « Être mon propre patron n’était pas un objectif en soi. J’avais plein d’idées, je voulais développer le segment femme. J’arrivais à créer de l’engouement autour du costume dans les quartiers où j’allais. J’étais passionné par le textile », narre-t-il.
Le premier footballeur : Martin Sourzac
C’est finalement à Nîmes qu’il emménagera avec Jelena, cette même ville qui scellera leur union en mairie. Et puis un jour, un footballeur tape à la porte. Martin Sourzac, ancien gardien du Nîmes Olympique cherche une tenue pour l’un des plus beaux jours de sa vie. « C’est à ce moment que j’ai eu l’idée de proposer également les paires de chaussures, pour éviter une perte de temps », indique le chef d’entreprise.
Suivront plusieurs collaborations avec le comité d’administration du Rugby Club Nîmois, puis le titre d’habilleur officiel de l’USAM. « David Tebib (ndlr : président du club de l’USAM) est comme un grand frère pour moi », abonde-t-il. Sans parler du partenariat avec le club de hockey nîmois, Les Krokos, et celui de foot féminin de Nîmes Métropole Gard. Nicolas Stevanović se montre innovant comme il peut être solidaire du tissu économique et associatif nîmois. En témoignent le miroir virtuel ou bien les masques distribués gratuitement aux commerçants en plein pic de Covid.
« Je m’investis beaucoup dans les réseaux professionnels »
La force du fondateur réside dans son aisance à aller vers l’autre. Nicolas tisse des liens au fil de ses rencontres. Il s’inspire des réussites des uns, apprend des échecs des autres. « Je m’investis beaucoup dans les réseaux professionnels », explique celui qui se retrouve très souvent le plus jeune du groupe. « Le plus gros échec ? Ne pas avoir d’avantage réussi dans le football, mais c’est grâce au foot que ma société est ce qu’elle est aujourd’hui », conclut-il. Le phénix renaît toujours de ces cendres.
