Article et photo : Linda Mansouri
D’une simple amicale des locataires, la Pléiade est devenue en quelque temps un lien social crucial.
« Mon mari, c’est la Pléiade » ; « Je déménage si la Pléiade déménage », maintes fois les bénéficiaires ont donné le sourire aux salariés. Des propos qui témoignent de la place prépondérante de l’association dans l’équilibre social du quartier Mas de Mingue et au-delà. On en veut pour preuves les coups de fil qui abondent de toute la cité des Antonins, de l’agglomération, et même d’Alès pour bénéficier d’un coup de pouce. « La Pléiade renvoie à l’image grecque d’une association d’individus qui se réunissent pour réfléchir à un projet commun », entame Soukaïna Benjaafar, présidente.
C’est bien la vocation de cette association agréée ‘espace de vie social’ par la CAF. 3800 accueils à l’année, une quinzaine de bénévoles et sept salariés. Conçue en 1996 pour accompagner les locataires du quartier nîmois, l’association se transforme en 2006 pour satisfaire la demande croissante. Aide au logement, accès aux droits, petits travaux, parentalité, loisir, numérique…
Elles s’appellent Sabrina, Fatima ou Anne. Toutes ont baigné dans le secteur du social. Elles incarnent le quartier, connaissent ses dédales, y ont vécu, ou y vivent encore. Le terrain n’a pas de secret pour celles qui font le relais auprès des institutions. Elles accueillent ces « chibanis » (ndlr. Immigrés âgés maghrébins venu travailler en France), qui brandissent un courrier des années 2010, juste pour avoir l’occasion de discuter et prendre un café.
Les voilà témoins privilégiés de la déshérence de certains jeunes qu’elles aperçoivent sous leurs fenêtres. « Chacun essaie de faire sa part et parfois un peu plus, on ne peut pas se contenter de regarder », ainsi résonne le leitmotiv de toute l’équipe.
« Elles ont dédié leur vie au gens »
Aux difficultés sociales se greffent les complexités administratives. Les démarches sont sinueuses, la Pléiade a un rôle de facilitateur via une médiation entre bailleurs et locataires. Le cœur d’action ? Le logement et l’accès aux droits fondamentaux. Petit plus qui en dit long, aucun rendez-vous n’est requis.
Juriste au Centre de gestion de la fonction publique territoriale du Gard, Soukaïna Benjaafar rend hommage à celles qui ont été sources d’inspiration. Premier poste : attaché parlementaire de l’ex-députée Françoise Dumas. « Ça m’a donné une certaine force d’engagement, une conviction politique. Ça m’a énormément fait grandir », se souvient-elle. Une autre élue a également marqué son empreinte : « Avec Amal Couvreur, ce sont deux femmes de conviction, des modèles d’engagement de vie. Assistantes sociales de profession, elles ont dédié leur vie aux gens ».
« Il y a le volet humain, et puis il y a le droit »
La Pléiade est ‘Point relais Caf’ depuis 2022. L’association informe, oriente, accompagne sur un large éventail de démarches : assurance maladie, famille, MDPH, droit de séjour, recours justice… « On travaille en partenariat avec toutes les institutions. Elles nous permettent d’activer les bons leviers pour débloquer la situation », explique la présidente.
« Il y a des familles qui résident ici depuis 10 ans, paient un loyer et ne sont toujours pas régularisées. L’enfant est scolarisé et vit avec une épée de Damoclès, regrette Soukaïna. C’est très complexe, le droit est juste, il pose un cadre juridique. On essaie de s’accommoder de ce cadre pour les accompagner de la manière la plus humaine possible. Je ne vais pas mentir sur le sort de la procédure, je leur dis bien qu’elle va être longue et douloureuse. »
Logement solidaire
Etat, Conseil départemental du Gard, CAF, Ville de Nîmes, Région Occitanie, Nîmes Métropole, MSA, Carsat, pour ne citer qu’eux. Le Pléiade remercie ses nombreux partenaires. Elle qui a pour mission depuis sa création accompagner vers le logement solidaire. Rupture d’aide au logement, régularisation, dépannage de chaudière, demande de logement… Des sessions d’informations sont également organisées en groupe pour informer sur la maitrise des énergies ou les dangers domestiques.
Sans compter le volet Abricole. En collaboration avec les assistantes sociales du Département, un collaborateur de la Pléiade sillonne les appartements. Il accroche une tringle, fixe un miroir, monte un meuble, aide à l’installation. Dernièrement, une nouvelle action a vu le jour : la permaculture, financée par la MACIF. Le quartier se pare alors de ses plus belles fleurs, le paysage s’embellit, pour promouvoir « écologie et conscience environnementale. »
« On les sent plus épanouies »
A travers l’axe parentalité, la Pléiade soutient le lien social intergénérationnel. Des temps de rencontre parent / enfant sont organisés en collaboration avec le centre social Jean Paulhan. ‘La coccinelle prend l’air’, une action qui permet aux familles de découvrir les ressources de territoire, les espaces de loisir et culturels. En période estivale, la Pléiade bénéficie du dispositif ‘quartier d’été’. Grotte, plage, Camargue, Cévennes : « On essaie d’allier la culture aux loisirs. Ce qui leur permet de sortir du quartier. » Pour les séjours, comptez 50 personnes, 16 familles qui font vivre le tourisme social et solidaire. « On sent les femmes plus épanouies, elles prennent confiance en elles », constate l’équipe à l’unisson.
Seniors connectés
Pour rompre l’isolement des séniors, des cafés sont organisés, des activités manuelles et sorties culturelles en partenariat avec le centre social. Les seniors peuvent également découvrir l’outil numérique grâce à des ateliers. Et puis il y a le moral et le repli sur soi. Un psychologue intervient dans le cadre d’écoutes individuelles et collectives. « Cela facilite le vivre ensemble, allège la surcharge mentale des femmes. En collectif, elles se dévoilent sur des choses très profondes et sensibles », conclut Fatima.
