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Nîmes. Sophie Roulle, Contempor’Elle

Photo : L’élue aux côtés de l’artiste Pascal Fancony, Galerie 4 Barbier à Nîmes. DR

Son parcours, ses challenges et l’avenir, l’adjointe au maire de Nîmes, déléguée à la Culture, se prête au jeu des questions réponses.

Nîmes fait sa promotion à Paris. Il y a quelques semaines se réunissait le gratin de la presse culturelle parisienne, nombre de journalistes se sont abreuvés de l’actualité de cette cité romaine qui réussit avec brio son pari de s’inscrire dans l’avenir. La ‘Contemporaine de Nîmes’, entend propulser la cité des Antonin dans une nouvelle ère culturelle, sur fond de transmission générationnelle et de co-construction avec les habitants. Voilà trois ans que Sophie Roulle, aux côtés de son équipe, œuvre au bon déroulement de cette triennale artistique, « pour les Nîmois, par les Nîmois ». Rendez-vous est pris du 5 avril au 23 juin 2024.

Détail qui a son importance, les acteurs institutionnels ont ouvert le porte-monnaie indépendamment des sensibilités politiques. Le budget se nourrit ainsi de 1,2M€ de la Ville de Nîmes, 250.000€ de l’Etat, 100.000€ de Nîmes Métropole et 50.000€ du Conseil départemental du Gard. Pour offrir aux Nîmois un évènement mémorable, l’élue est à la recherche de mécénat privé qui viendra financer trois week-ends : d’ouverture, de fermeture et intermédiaire « ambitieux ». Une grande exposition prendra la forme d’un parcours dans l’espace public et dans une dizaine de lieux culturels et patrimoniaux, autour de plusieurs dizaines d’artistes français et internationaux, reconnus et émergents. Rien que ça.

Les Nîmois sont venus en nombre pour l’inauguration de l’exposition signée Claude Viallat au Carré d’Art, le 26 octobre dernier. Photo : DR

Et dire que tout ceci aurait pu ne jamais voir le jour. Tout comme les « 1500 personnes » contemplant l’œuvre de l’emblématique Claude Viallat au Carré d’art. A deux reprises, Sophie Roulle dira « non » à la proposition du maire d’intégrer l’exécutif nîmois en 2014. La réflexion est légitime. Comment concilier alors son agence d’architecture, qui comptait parmi ses clients la Ville de Nîmes, avec une casquette d’élue ? Entrainant de fait un péril pour ses contrats, elle qui travaillait alors avec des mairies de gauche, de droite, des bailleurs sociaux… L’adjointe nous confie : « Quand le maire m’a demandée avant les élections de 2014, j’ai mis dans la balance mon métier d’architecte et un engagement, et comment je pouvais œuvrer pour l’intérêt général ».

L’adjointe baigne très tôt dans un environnement politisé. Le beau-père n’est autre que Philippe Hugues, élu sous les deux mandats Bousquet. « Ça parlait politique à la maison », se remémore-t-elle. Tout juste sortie de ses études montpelliéraines en 1997, Sophie Roulle ouvre son agence d’architecture. Voilà 15 ans qu’elle s’épanouit dans son métier, aux côtés de son associé. Face au fin négociateur Jean Paul Fournier, c’est d’abord à la délégation Commerce qu’elle goûte aux politiques publiques.

Sophie Roulle lors d’une conférence de presse à Paris devant plus de 20 médias nationaux et internationaux, des artistes, des galeries d’arts et des acteurs culturels du territoire. Photo DR

N’en déplaise à Valérie Rouverand, conseillère municipale d’opposition et présidente Renaissance Gard, qui soulignait dans nos colonnes un besoin urgent de redynamisation du centre-ville, Sophie Roulle rappelle au bon vouloir les travaux engagés par le passé : les animations commerciales, la gratuité du stationnement de surface, les associations de commerçants fédérées. « On a réussi à créer une vraie dynamique autour du commerce de centre-ville, le mandat m’a passionnée », se remémore-t-elle.

En 2020, place à la délégation qui révélera l’élue au sens esthétique affiné : la Culture. Une gageure que de lier le passé antique à l’actualité contemporaine et d’estomper le sempiternel : « Nîmes, c’est les arènes c’est ça ? ». Entre architecture et politiques publiques, des parallèles se dessinent. « Il y a des maillons essentiels, l’architecte, le maitre d’ouvrage, le client, les entreprises, liste l’élue. En politique c’est pareil, avec les services mobilisés, sans qui l’élu n’est rien, le travail en transversalité avec les autres élus et la confiance du maire. »

L’adjointe à la Culture auprès du maire de Nîmes à l’occasion d’un don de 3 000 œuvres de l’Association des Amis du Musée des Cultures Taurines. Photo : Ville de Nîmes

Dans cette délégation, l’un des budgets les plus importants de la ville, chapeautant six musées, Sophie Roulle se nourrit d’horizons divers, du Théâtre de Nîmes à la petite association de quartier. « C’est un enrichissement personnel énorme, l’humain est au centre », précise celle qui accompagne l’association culturelle ‘Stand hop’ située galerie Richard Wagner (notre article ici). Le directeur artistique confiera d’ailleurs à son sujet : « c’est notre coup de cœur cette élue », certains éloges de terrain valent beaucoup.

« Je fais les choses avec passion ou je ne les fais pas, mon travail et mon mandat me portent », nous confie l’élue. Les journées sont longues, levée tôt, couchée tard. Appui mental de taille, son époux, Jean-Michel Bourdoiseau, directeur de l’école nîmoise Paul Langevin, la soutient dans ses projets qu’elle mène bec et ongles. « C’est un passionné de politique, on parle beaucoup politique à la maison », précise-t-elle. L’être aimé est pourtant de gauche, là où l’élue est issue de la droite républicaine. Des frictions au quotidien ? « On peut avoir des idées différentes mais on se rejoint sur 80% des sujets, notamment sur la valeur travail et l’unité contre les extrêmes », répond-elle.

Visite de l’exposition de l’artiste Samir Mougas au CACN – Centre d’Art Contemporain de Nîmes avec des élus de la ville de Nîmes. Photo : Ville de Nîmes

Quant à l’opposition qui regrette certains choix de financement au détriment des équipements publics et des quartiers prioritaires, l’adjointe rétorque : « Il ne faut pas opposer le centre-ville aux quartiers périphériques de la ville. C’est ‘la ville’ point. La culture et l’éducation sont des services essentiels grâce auxquels une population s’élève ». Des investissements qui répondent à une logique d’arbitrage : « Avec 100 euros, que doit-on faire ? Les ‘y’a qu’à faut qu’on’ ne vont pas aider et la politique politicienne ne va pas dans le sens de l’intérêt général !». 

L’un des challenges à venir pour l’élue et ses équipes ? Décrocher le label ‘Scène nationale’ pour le Théâtre Bernadette Lafont, impliquant une enveloppe de 500.000 euros allouée par l’Etat au budget du théâtre. Sans compter la triennale qui se veut être une « création » d’art contemporain plutôt qu’une manifestation. Tous les arts seront invités autour de 12 binômes d’artistes associés à des écoles maternelle, primaires, collèges, lycée, maison des compagnons et centres sociaux selon le projet. Une grande fête populaire aura même lieu lors du week-end d’ouverture, invitant les Nîmoises et les Nîmois à une « boom » pour danser sur la piste des arènes. « Nous attendons des retombées touristiques importantes autour de cet évènement culturel majeur », ponctue l’élue.

A l’instar de la ville de Montpellier qui a candidaté pour décrocher le label de ‘Capitale européenne de la culture’ (remporté depuis par la ville de Bourges), Nîmes n’a-t-elle pas l’envergure pour y concourir dans un futur proche ? « Pourquoi pas un jour. Il faut déjà faire une première édition de la Contemporaine de Nîmes, asseoir le tissu associatif et postuler pour la capitale française de la culture prochainement », priorise l’élue.

Linda Mansouri

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