De la majorité à l’opposition, la présidente ‘Renaissance’ Gard revient sur la structuration du parti et les dossiers qui l’opposent à l’exécutif nîmois.
‘Le traître et le néant’, ainsi se nomme l’enquête menée par deux journalistes du Monde, collecte de témoignages au sein même du cercle proche d’Emmanuel Macron. La conclusion est sans appel, le Président aurait trahi François Hollande et conçu son programme politique sur du vide sidéral.
La cheffe du groupe Progressiste au Conseil municipal de Nîmes ne partage pas un mot de ce postulat : « Nous incarnons le grand centre qui attire des personnes modérées de droite comme de gauche ». Pour la formatrice et enseignante de profession qui affiche dix années de politique au compteur, « les anciens partis ne sont plus en adéquation avec les enjeux d’aujourd’hui, ni avec les préoccupations des citoyens ».
Qu’en est-il du président « Jupitérien », qui lors de sa venue sur la base aérienne de la sécurité civile de Nîmes-Garons, a provoqué l’ire du Club de la presse 30, lequel avait aussitôt dénoncé une entrave à l’exercice des journalistes. L’élue désapprouve : « Emmanuel Macron n’esquive pas la confrontation, bien au contraire, n’oublions pas le grand débat qui a donné la parole aux Français, c’était un échange inédit de la démocratie. Malgré les difficultés de la réforme des retraites (difficile mais nécessaire selon l’élue, ndlr), le Président a continué son tour de France, répondant aux interpellations au cœur de foules hostiles. »
Dans le Gard, ‘Renaissance’, parti de la majorité présidentielle, compte 300 adhérents et 14 comités qui épousent les circonscriptions. « Sans compter une grande majorité silencieuse », précise l’élue. La recherche d’un local à Nîmes est à l’œuvre pour baser le siège d’un « militantisme de terrain ». Valérie Rouverand sera-t-elle tête de liste pour les prochaines municipales à Nîmes, aux côtés d’Yvan Lachaud, délégué départemental Horizons ? Lui-même ancien président de Nîmes métropole, qui lui confia en 2019 l’ambitieux dossier de la rénovation urbaine.
« On est dans le temps du mandat pas celui de l’élection, ce qui compte aujourd’hui c’est le projet », nous répond celle qui ne nie pas son passé, tout en se projetant dans l’avenir. C’est en 2020 que Valérie Rouverand porte une réflexion personnelle : « j’ai trouvé dans le mouvement ‘En marche’ ma famille politique ».
Le bureau constitué de 20 membres élus se compose de noms familiers du paysage politique gardois : Soukaina Benjaafar (collaboratrice de l’ancienne député LREM, Françoise Dumas), Jean-Luc Garcia, Secrétaire général ou Olivier Lange (Référent départemental Territoire de progrès, aile gauche de la majorité).
« Une fois par mois nous organisons un bureau départemental, nous étions à Vergèze dernièrement, nous irons à Alès en décembre », précise l’élue qui aborde aussitôt la démocratie. « Ce bilan de mi-mandat à Nîmes est marqué par un manque de dialogue, il n’y a jamais de concertation avec l’opposition, les conseils municipaux sont vite expédiés, il n’y a aucune possibilité de débat ».
Valérie Rouverand, Vincent Bouget, même combat ?
Là où Vincent Bouget (Parti communiste) évoque un embellissement de vitrine, Valérie Rouverand avance « une carte postale » de la ville de Nîmes. Le Palais des congrès (les informations sur le site de la municipalité ici) ne cesse de faire grincer des dents l’opposition.
« Un projet à 60 millions d’euros, sans compter l’inflation. C’est un projet qui aurait dû se faire il y a 15 ans, aujourd’hui il n’est plus d’actualité, juge-t-elle. Le Covid est passé par là, on ne travaille plus de la même façon ». L’élue fustige les « charges lourdes de fonctionnement et d’entretien » d’un tel équipement et regrette qu’un tel projet absorbe autant de financement : « ce qui est investi ici ne l’est pas ailleurs ». Et de poursuivre : « une fois de plus, on bétonnise dans une des villes les plus chaudes de France. Regardez la rue Auguste, pas un seul arbre ».
Redynamisation du centre-ville
Autre cheval de bataille de Valérie Rouverand, la redynamisation du centre-ville nîmois. Elle qui y consomme très régulièrement se réjouit avec parcimonie. « Notre centre-ville est très beau mais il y a encore tant à faire. Il faut investir, avoir un vrai programme d’animations. Le lien entre la municipalité et l’association des commerçants n’est pas à la hauteur des enjeux de survie du commerce au cœur de l’écusson. Aujourd’hui ce que propose la Mairie, ce sont des mesurettes ». L’élue évoque alors le « manque de dialogue » qui aurait motivé la démission de l’équipe dirigeante de l’association de commerçants ‘Cœur de Nîmes’. « Même constat pour l’avenir des halles, rien de concret, juste de vagues annonces auxquelles les étaliers ne croient pas et qui reportent le problème à l’après 2026. Rien n’est fait pour les rassurer », poursuit la conseillère d’opposition.
« La galerie Wagner aurait dû être détruite depuis longtemps »
L’ANRU consacre à Nîmes l’une des enveloppes les plus ambitieuses proportionnellement à sa taille. 470 millions d’euros abondés conjointement par l’Etat, les bailleurs sociaux et les collectivités territoriales. Un projet de rénovation urbaine ambitieux mais qui souffre de beaucoup trop de retard selon l’élue. « A la fin de mon mandat à l’Agglomération, nous sommes parvenus à finaliser ce dossier pour obtenir un budget de 140 millions d’euros de l’Etat, souligne-t-elle. Depuis la convention signée en 2021, les choses n’avancent pas, par manque d’ambition politique. La galerie Wagner aurait dû être détruite depuis longtemps ».
Et de poursuivre : « Il est vrai que ce n’est pas un dossier facile, mais les décideurs doivent aller plus vite, sinon nous allons au-devant de grandes difficultés ». Quant à la demande de policiers nationaux supplémentaires émanant du Maire de Nîmes, elle rebondit : « Nous avons obtenu 40% d’augmentation d’effectifs octroyés par l’Etat ces dernières années. Il faut maintenant signer le contrat de sécurité intégré ». Valérie Rouverand fait valoir le projet de création d’un nouveau poste de police, à l’initiative du ministère de l’Intérieur. Reste à savoir si des effectifs supplémentaires y seront affectés…
« Un moment douloureux »
Celle qui fut « très heureuse » à l’éducation ne cautionne pas « les guerres d’hommes ». Par loyauté, elle suit Yvan Lachaud à qui l’on enlève la délégation Finances au sein du conseil municipal de Nîmes en 2017. « C’était un moment douloureux, j’avais encore beaucoup de projets », se souvient celle qui développe alors les circuits couts et le bio local.
Depuis, beaucoup de choses se sont déroulées, à l’image de sa candidature aux élections départementales en son nom : « Je savais que c’était impossible de gagner. Pourtant, nous avons fait 15% avec mon équipe, là où le Sénateur LR Laurent Burgoa a perdu l’élection ».
« Les alliances gomment les convictions politiques »
Dans le Gard, Renaissance a ses cartes à jouer pour charmer les adeptes LR qui ne se reconnaissent plus dans la ligne dure d’Éric Ciotti ou de Laurent Wauquiez. Récemment, une figure locale de la famille LR, Christophe Rivenq (Président d’Alès Agglomération) ne repartira pas en campagne pour décrocher la présidence de la fédération gardoise. Quant à la gauche, les dissensions ne cessent d’éclore entre PS, PCF et La France Insoumise. « Le jeu des alliances politiques gomme les convictions et les valeurs de chacun. Je suis sidérée que le PS ait pu être en phase avec LFI », juge-t-elle.
Quant à l’homme providentiel qui pourrait prendre la relève d’Emmanuel Macron, plusieurs noms sont murmurés, dont Gabriel Attal qui « incarne et rassemble », Edouard Philippe qui plusieurs fois a fait une halte à Uzès, ou Gérald Darmanin. Il est certain que ce dernier peut compter sur Nîmes et ses quartiers prioritaires pour asseoir sa notoriété…
Linda Mansouri
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