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Galerie Wagner : Stand’hop y met du cœur

Article et photo : Linda Mansouri

En bas des tours, l’art de la rue apporte sa pierre à la cohésion sociale.

Stand’hop‘, inspiré de ‘stand up’ en anglais. Autrement dit, levez-vous, retroussez les manches, ne sombrez pas dans le défaitisme. C’est en l’espèce la philosophie de Maoulida Velou, directeur artistique de l’association et danseur hors pair. A peine 23 bougies et des démarches considérables pour atteindre ses objectifs. Né à Mayotte, il suit ses parents à l’âge de 3 ans, direction le quartier Pissevin à Nîmes.

« On est venus en France pour étudier et travailler, hors de question de s’amuser », se rappelle-t-il. La danse le sauve, lui qui n’avait jamais mis les pieds dans un centre social ni dans une colonie de vacances. Ce Nîmois a longtemps eu écho des cris de désespoir. « Tout le monde était abattu, insiste-t-il. J’entendais constamment qu’on ne réussirait jamais à vivre de la danse, qu’il fallait partir à Montpellier. » Il se met en tête de prouver le contraire.

D’un mouvement de promotion de la danse hip-hop, l’action se mue en vecteur d’intégration sociale. « On a vu que ça apportait beaucoup d’émancipation. Si vous saviez, il y a des jeunes dans des situations catastrophiques ici, complètement seuls, sans parents », qui tombent dans l’engrenage des stupéfiants et de l’immédiateté du gain.

Des bruits de pas résonnent, un jeune de 12 ans pénètre dans la salle : « Maou c’est à quelle heure le battle afro dimanche ? ». Une bulle d’expression au cœur de l’un des quartiers les plus sensibles et précaires de France. Sans aucune communication, une cinquantaine de jeunes s’est ruée devant le local lors de l’inauguration. Maoulida nous décrit le futur aménagement. Au fond, le studio photo et enregistrement de rap, à gauche l’espace scénique, au centre le sol en damier pour les ‘battle’. Sur 100m² au cœur de la galerie Richard Wagner, l’association œuvre autour de trois axes : des cours de danse hip-hop et afro, des cours de création audiovisuelle et la promotion des cultures.

« Histoire de remettre du vivre ensemble »

La SPL Agate leur propose un jour ce local afin de développer des actions de proximité. Un espace destiné notamment aux jeunes hors des radars et désœuvrés, « qui occupent les places publiques », ajoute le danseur. « Histoire de remettre du vivre ensemble, vu tout ce qui se passe ici, nous n’avions pas forcément d’exutoire », poursuit-t-il. En collaboration avec l’ADPS et la Mission locale, l’équipe de bénévoles conduit notamment tous les travaux. « On a tout de suite été acceptés au sein du quartier, ils savent qu’on est bienveillants », se réjouit Maoulida. Concernant le projet de rénovation urbaine de la galerie, il espère de tout cœur être relocalisé dans de nouveaux locaux, lui qui tient à remercier la ville pour les subventions publiques.

Les danseurs de l’association lors de l’Urban trail. Crédit photo : Stand’hop

Bac pro maintenance des équipements industriels, Maoulida doit faire un choix à ses 18 ans. Rejoindre la SNCF ou réaliser son rêve ? Il intègre une compagnie de danse malgré les réticences de sa famille. Après une formation d’éducateur sportif, il donne des cours de danse puis se lance en 2019. L’association Stand’hop voit alors le jour en collaboration avec son grand frère et un groupe d’amis d’enfance. « Au départ on donnait des cours au Centre social Simone Veil à Valdegour » se rappelle-t-il.

Un long chemin parcouru et pléthore de projets. L’un d’entre eux, mettre en place des chantiers éducatifs dans le spectacle. « Cela permet de rémunérer les jeunes via des fonds dédiés », propose-t-il. L’argent, le nerf de la guerre : « Dès l’âge de 14 ans, ils sont prêts à tout car ils sont dans le besoin ».

L’objectif à terme est de proposer des contrats salariés au sein de l’association. En attendant, chacun occupe un emploi en parallèle. Maoulida prépare en alternance le Dejeps (Diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport), au centre social l’Odyssée à Redessan. Il est également danseur à la compagnie CPPP à Quissac.

« Dès l’âge de 14 ans, ils sont prêts à tout »

Pour renflouer les caisses et permettre de voir éclore les prochains projets, l’association multiplie les prestations. Dernièrement un battle a été organisé à l’Université de Nîmes en partenariat avec l’association Da Storm. Les danseurs ont également animé la Maison carrée à l’occasion de l’Urban trail, sans compter une démo à CGR Nîmes. L’association participe également à des voyages d’échange culturel : Belgique, Maroc, Malte. Des ateliers ludiques et éducatifs sont alors organisés autour de thématiques précises telles que le dialogue international ou les stéréotypes.

Inauguration du local galerie Richard Wagner. Crédit photo : Stand’hop

Ils ne s’arrêtent pas là. Des sorties au cinéma ou au trampoline park sont organisées. Les jeunes en redemandent. Il faut dire que ‘Stand’hop’ est attractif. Les danseurs, membres du collectif Hip hop Gard et hip hop réseau Occitanie, enregistrent le plus grand nombre de victoires en battle. Mention spéciale pour le compétiteur Yassif Ousséni qui brille lors des show.

Dernier projet, développer l’axe parentalité. « On a fédéré un groupe de parents de culture mahoraise », explique Maoulida. Le 10 juin prochain, la culture mahoraise aura la part belle place Debussy. Au programme : danse, chant, spectacle, barbecue, vente de tissus, atelier maquillage. « C’est un test, on verra ce que donnera ce premier événement », Maoulida le sait, la force de l’association réside dans sa capacité à lier les cultures de tout horizon.

Plus d’informations cliquez ici ; contact@standhop.fr ; 07 56 98 26 38.

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