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Serge Delcourt, quarante ans de radio

Connaissez-vous réellement la voix emblématique du 6/9 sur les ondes de France Bleu Gard Lozère ?

Un ami fidèle, à votre chevet dans les hauts comme dans les bas. Un compagnon de route qui vous épaule dans vos pérégrinations quotidiennes. En somme ce que représente Serge Delcourt, dont le timbre grave mais subtil, mélodieux mais percutant, vous accompagne au quotidien. De la cuisine jusqu’au travail, en passant par la voiture, l’animateur ne cesse de vous susurrer à l’oreille.

« Être au plus proche de soi-même », le mantra que s’est toujours répété l’animateur phare du paysage audiovisuel gardois. En d’autres termes, ne pas jouer un jeu, à rebours de la radio américaine et de son folklore. Il tombe dans la marmite de la radio à 14 ans. Au palmarès : 34 ans à Radio France, dont 8 années d’aventures à France Bleu Gard Lozère, « deuxième radio du Gard », se réjouit-il.

‘Ô rage, ô désespoir’, le réveil sonne à 3h15. « Au moins, j’ai la route pour moi seul », on vous la laisse… Serge Delcourt rembobine le fil de son histoire avec humilité, jusqu’à la radio qu’il écoute sur les grandes ondes dans les années 80, la FM n’ayant pas encore bouleversé le secteur. Le souvenir lui revient de son enfance et de cette radio qui l’envoûte tous les soirs dans son lit. Au micro de France Bleu Gard Lozère qui cumule « plus de 70.000 auditeurs par jour », ‘la voix’ reste fidèle à l’essence de sa personnalité, tout en s’intéressant avec bienveillance à chacun de ses invités.

Et pourtant, Serge Delcourt a mis des années à en apprivoiser la tessiture. Les temps ont changé, « ma voix fait ma signature, c’est mon identité. Chacun à la sienne, il faut l’écouter, même sa voix intérieure », philosophe-t-il. Un animateur de radio formé à la bonne école. Bonhommie, humour de second degrés, empathie, le label Delcourt ne cesse de faire des convaincus. En témoigne la communauté Facebook de l’animateur qui explose les compteurs. Ou cette auditrice qui reconnaitra sa voix sans même se retourner aux caisses d’un supermarché.

Dans l’équipe, il est celui qui veille au timing, mais également celui qui apaise. Les accès de colère ne lui ressemblent pas, « je ne suis pas très crieur… ». Directrice de l’antenne gardoise, Marie-Audrey Lavaud lui fait l’honneur d’animer le 6/9 il y a deux ans, « le prime time » en nombre d’auditeurs. Pour le nec plus ultra de la radio, « c’était un gage de confiance, il fallait en être digne… ». Sur France Bleu Gard Lozère, les infos soufflées au micro sont au plus proche de la vie des Gardois. Météo, infos, conditions de circulation, évènements… Enveloppés dans une atmosphère réconfortante, les invités se livrent sans ambages.

« Tu n’auras jamais le poste »

Revenons à la genèse. Naissance à côté de Poitiers, l’animateur écoute très tôt RTL, le ‘Pop club’ de José Artur sur France Inter ou Christian Barbier d’Europe 1. Il fait ses premiers pas à 17 ans, au sein d’une radio associative. Sa mission ? Parler peu, passer des disques. Puis le premier contrat de qualification tombe, un TUC, ‘Travail d’utilité collective’ en 1987. Direction l’INA pour un an de formation. « Je monte les reportages, j’anime, je ne suis pas très bon mais j’apprends », rembobine-t-il.

C’est à Nantes que tout se joue. Un poste s’ouvre, plus de 60 candidats s’y ruent. « Tu ne l’auras jamais, il est trop demandé », lui souffle-t-on. Il décroche le sésame. « J’arrive pour la matinale, 230.000 auditeurs par jour, une machine de guerre, l’une des radios les plus écoutées de France Bleu », la pression est à son apogée. Le responsable des programmes d’alors conseille le nouvel arrivant : « Ne sois pas quelqu’un d’autre ». Pour dompter l’anxiété, il regarde la pendule, « je pensais au bien-être que j’allais ressentir à la fin ». Autre astuce d’antan : « mettre la photo de quelqu’un que l’on apprécie, comme si on parlait à une seule personne ».

Poitiers, Châteauroux, Nantes, Avignon, Nîmes

Sa carrière, Serge Delcourt la poursuit dans le département de la Vienne et à Radio France Berry. Alors qu’il est matinalier à Nantes, deux propositions tombent en 1995 : Avignon ou Quimper. Il opte pour le soleil : « Il faisait 40 degrés le jour de mon arrivée, je n’étais pas du tout habitué ». Il gagne ses lettres de noblesse à la sueur de son front, Serge Delcourt anime toutes les tranches horaires, en semaine comme en week-end. Il restera 23 ans à écrire l’histoire avec France Bleu Vaucluse. La suite est connue, arrivée dans l’antenne gardoise et plongeon avec les grands chefs étoilés au gré de l’émission Les Toqués.

Aujourd’hui, chaque matinale est une expérience. La rigueur est de mise, il n’y assiste pas mais la conférence de presse prend place à 9h30 pour fixer les sujets et les invités du lendemain. Puis, armé de son logiciel de programmation, Serge Delcourt se mue en chef d’orchestre et veille à bien réussir l’enchainement des chroniques. Quant aux séquences comme les interviews, elles sont en direct ou préenregistrées. Une équipe dont l’alchimie transpire au micro : les journalistes Julia et Quentin, la réalisatrice ou le réalisateur et une chargée d’accueil qui réceptionne les appels des auditeurs.

« Pour les politiques, on ne donne pas les questions »

« Si tout le programme est complet, on se laisse toujours une place pour une info’ de dernière minute », la règle d’or. A-t-il déjà eu des refus de témoigner ? « C’est très rare, la radio est tout de même bien reconnue », répond-il. Pour rassurer les invités, l’animateur leur communique les questions et les préparent avec eux au téléphone. Les invités politiques ne bénéficient pas du même traitement de faveur de la part des journalistes. « Sinon ils prépareraient tout leur argumentaire et auraient réponse à tout », ingénieux.

Quant à la marge de manœuvre, la radio gardoise s’épanouit avec liberté. Les équipes respectent toutefois certaines « figure imposées », des interviews enregistrées à Paris ou la fréquence des invités. « Nous avons pu librement nous octroyer les services de Météo Gard de Julien Sugier par exemple », poursuit-il.

Après le 6/9, déjeuner et sieste. L’après-midi est réservé à la préparation du programme du lendemain. Avide de savoir, Serge Delcourt ne cesse d’apprendre sur les traditions locales. La nature l’appelle au cours de ses déambulations en famille dans le Gard. Dernière trouvaille, le cheval de Przewalski du Causse Méjean en Lozère.

Dans deux ans et demi, Serge Delcourt pourra partir à la retraite. Ne lui parlez pas de mots croisés au coin du feu, les projets foisonnent déjà dans son esprit…

Linda Mansouri 

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