A 57 ans, le chef d’entreprise à la tête de 10 salariés brasse quelque 450.000 palettes annuelles.
Sur 1,6 hectare, des montagnes de palettes en bois s’amoncellent dans un ordre harmonieux. Nos ombres projetées sur ces gratte-ciel naturels sont ridiculement insignifiantes. Non loin du Marché Gare à Nîmes, les engins forment un ballet millimétré entre les réceptions de marchandises et les envois de commandes chez les clients. La palette, tout un pan de l’économie logistique répercuté sur le prix de vos produits favoris au supermarché. Le marché est porteur, « 95% de marchandises consommées sont transportées sur palettes. Le reste ce sont des agrégats, non palettisables », indique le fondateur de la société gardoise ‘Palette bois énergie’.
Plus que d’acheter pour revendre, Farid Ouakli les fabrique lui-même, quelque fois sur mesure, ou les répare pour leur donner une seconde vie. Depuis un an, la biomasse lui tient particulièrement à cœur. « Pour boucler la boucle de manière vertueuse », précise l’entrepreneur qui entend apporter sa pierre au changement de notre société, celle qu’on laisse à nos enfants et petits-enfants. « Et à nous aussi, on n’est pas encore mort… », lucide.
Les palettes sont alors broyées dans un équipement chiffré à 300.000 euros afin d’alimenter les chaudières industrielles de la région. « On crée ainsi de l’énergie avec un impact carbone minime », poursuit celui qui projette de développer la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) et de recruter pour amplifier cette branche verte. Le chef d’entreprise s’est récemment rapproché de la CCI du Gard pour identifier les aides à l’investissement sur les énergies renouvelables. Quant à la clientèle, vous ne la trouverez pas à Tataouine, mais bien dans la région pour limiter les déplacements : Gard, Vaucluse, Hérault ou basse Ardèche.
« La biomasse me tient vraiment à cœur »
Principalement composées de pin des Cévennes, les clients sont multiples à recevoir leurs palettes. Des bases logistiques de Saint Césaire et Garons alimentant les supermarchés, en passant par les caves coopératives ou l’industrie tertiaire (fabrication de colle, bouteilles, lave-glace, terreau…). Quant aux palettes réceptionnées et reconditionnées, difficile de retracer leur origine. « Ce sont des palettes d’occasion injectées dans le circuit, qui peuvent venir d’Espagne, Italie, Allemagne, Bretagne, cela dépend des flux », précise le chef. Environ 40.000 palettes transitent ici par mois.
Tout part d’une pochette. La fameuse contenant les achats et ventes à remettre au comptable. En guise d’outil, des tableurs Excel élaborés artisanalement. Farid Ouakli est parti de zéro, avec un seul camion pour parc automobile. Fils d’immigré algérien travaillant dans les mines d’Alès, on lui inculque très tôt la culture du travail. « On se faisait par le labeur. On n’avait pas d’autre choix que de travailler, hors de question de trainer. Tu ne voulais pas aller à l’école ? Soit, alors il fallait aller travailler ! », se souvient-il.
Sa fibre humaine et émotionnelle, il la tient de sa mère. C’est en partie elle qui a motivé sa décision de signer un chèque pour la cause des femmes en situation de précarité, auprès de l’adjointe au maire de Nîmes, déléguée à la Santé. Une figure maternelle solide et aimante, qui encore aujourd’hui s’enquiert de la vie professionnelle de son fils. Avec son fils et son frère également salariés de l’entreprise, Farid Ouakli met tout le monde à la tâche.
Réactivité et qualité
Issu du transport routier, chauffeur pendant 25 ans, dont 11 ans en transport frigorique, Farid Ouakli a eu tout loisir de pratiquer le métier. Natif d’Alès, la société dans laquelle il évolue se fait un jour racheter par un grand groupe. L’envie lui prend de créer sa propre structure pour plus de proximité. Bernard Fourchet, son ancien employeur deviendra son mentor, « j’aimais son approche managériale et clientèle ».
Il se lance en 2009 dans un marché déjà existant de la palette neuve et d’occasion. « Je n’ai rien inventé », certes mais il a su faire perdurer son aventure entrepreneuriale et développer son réseau. Farid Ouakli est alors multitâche. Prospection, réception, réparation, un travail titanesque pour une seule âme. Beaucoup de palettes sont livrées à ‘Low cost palette Domazan’. « Il m’a donné un vrai coup de main », rend-il hommage.
Il apprend sur le tas, tire les leçons de ses erreurs. Comme l’acquisition de véhicules d’occasion qui entrainera plus de coûts que d’économies. « Le pas cher coûte cher », reconnait-il. Avec ses capacités de financement grandissante, l’entrepreneur acquiert ses premiers véhicules et engins neufs, des tracteurs routiers, des remorques et autres camions Ampliroll dotés d’un crochet qui permet de charger et de déposer les palettes. Une secrétaire sera recrutée la deuxième année pour appuyer l’activité grandissante.
« C’est un métier ou il y a beaucoup de concurrence, notamment des petits entrepreneurs avec moins de charges de fonctionnement que nous », analyse-t-il. Sans compter les fluctuations du marché, ou l’inflation qui ralentit la consommation. « Au-delà de l’analyse du marché, notre force est d’être réactif, on livre en 24h maximum. On répond favorablement au client. Concernant les tarifs, c’est un combat de tous les jours pour être compétitif », souligne le chef d’entreprise. La réussite, Farid Ouakli la doit avant tout à son équipe dont il ne cache pas la fierté. « Ensemble on va plus loin », nous souffle le passionné de rugby et partenaire du Rugby club nîmois. Quant à l’avenir, peut-on se permettre de conclure que le roi des palettes touche du bois.
Linda Mansouri
Palettes bois énergie : Petit Chemin des Sourbans-Bas, 30540 Milhaud, 09 83 89 49 33
Partager cet article :
- Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur WhatsApp(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Instagram(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Messenger(ouvre dans une nouvelle fenêtre)