contact@deuxheures.com

ATP Uzès : le théâtre sur le devant de la scène

Article et photo : Linda Mansouri

L’art théâtral pour tous, partout.

Rire, pleurer, réfléchir, échanger. Le théâtre a de tout temps suscité un cocktail d’émotions dans l’auditoire venu lui rendre hommage. A la salle polyvalente d’Uzès, Cour de l’Ancien Évêché, les amateurs ou passionnés se sont délectés de Molière revisité. Du théâtre « enragé » mis en scène par Julien Guill, un ‘uppercut’ savoureux d’une heure. « On a l’impression que Molière nous parle », nous confie Catherine Lacroix autour d’un café.

A ses côtés, Dominique Grenier. Les deux bénévoles de l’Association du théâtre populaire à Uzès et en Uzège (ATP Uzès) mettent du cœur à l’ouvrage. L’enjeu est simple, rendre l’art accessible à tout le monde à travers une politique tarifaire abordable et une proximité avec le public. Le tout sans lésiner sur la qualité des spectacles. Au total, 15 représentations sont sélectionnées avec soin et jouées à Uzès et dans les villages alentours. Pour ce faire, l’association peut compter sur le soutien des collectivités : la Ville d’Uzès, le Département du Gard, la Région Occitanie et la Drac.

Programmation florissante et éclectique. Forte d’une quinzaine de bénévoles, la présidente Claude Nuel peut compter sur son réseau tissé de longue date. « Elle connait très bien les compagnies de la région, les théâtres, les metteurs en scène, après 30 ans de présidence », rendent hommage les bénévoles en cœur. Pour chaque spectacle, un message d’espoir, mais surtout de lutte. Derrière le folklore et les facéties se cache un activisme social aiguisé. « On est sur du positionnement politique », souligne Catherine Lacroix évoquant ‘1336 paroles de Fralibs’. Diffusée dans quatre villages de l’Uzège, la pièce relate la délocalisation de l’entreprise Unilever, productrice des thés Lipton, et le combat des ouvriers pour maintenir leurs emplois.

Avec la pièce autobiographique ‘Grossus 168,800 kg’ autour des dégâts de la grossophobie, les spectateurs sont ballottés entre diverses émotions. « Certains sont partis en larmes », se souvient Catherine Lacroix. Et puis il y a ‘Morphine’ qui dépeint les affres de l’addiction sur l’âme et le corps. « On rit, on pleure, on réfléchit. C’est divertissant et les gens se rencontrent », se réjouissent les bénévoles. La programmation tient son originalité d’un panache d’auteurs classiques et contemporains.

Depuis 40 ans

ATP Uzès œuvre aux côtés de quinze autres ATP de France, au sein de la Fédération des ATP de France, subventionnée par le Ministère de la Culture. Dans la grande famille des ATP : Nîmes, Alès, Lunel, la première étant celle d’Avignon, « dans la lignée de Jean Vilar ». Une synergie s’est créée entre les structures, jusqu’à aboutir à une co-production théâtrale.

Chaque année, les ATP de France lisent une multitude de textes avant d’en sélectionner trois puis une seule qui fera sa tournée des ATP de France. « Les cinq premières compagnies sélectionnées viennent nous présenter leur projet à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon », explique Dominique Grenier. La compagnie gagnante monte son propre spectacle et doit répondre à un cahier des charges des plus rigoureux. « Il faut que ce soit un auteur contemporain, une propre création. Il y a un tas d’exigences vis-à-vis de l’espace. Le spectacle doit être joué dans toutes les configurations de salle », listent les bénévoles.

Outre cette co-production, ATP Uzès est en permanence en veille pour dénicher les pépites. L’association s’entretient notamment avec ONDA, l’’Office national de diffusion artistique’ au sujet des compagnies émergentes. Des debriefs ont également lieu à la Chartreuse afin d’identifier les spectacles du Festival d’Avignon qui pourraient faire partie de la programmation. « Ce sont tous des spectacles de compagnies subventionnées elles-mêmes, qui ont déjà une reconnaissance institutionnelle. Il n’y a pas de théâtre amateur, ni privé. C’est une ligne de conduite », expliquent les bénévoles.

Le théâtre pour tous

Pour inclure les plus jeunes à fouler le sol du théâtre, des échanges ont lieu avec les collèges et lycées de l’Uzège. « Dans chaque établissement scolaire, on s’adresse au réfèrent culturel, qui lui-même en parle au professeur afin de mobiliser le jeune public », explique Dominique Grenier qui évoque l’utilisation du Pass’ culture. ATP Uzès est ancré localement. L’Université populaire, le cinéma d’Uzès, la médiathèque, les commerçants, les partenariats et les synergies sont légion.

« On tracte sur le marché d’Uzès les mercredis qui précèdent le spectacle », abondent les bénévoles. « Certains adultes ne sont jamais allés au théâtre et estiment que ce n’est pas pour eux, notamment ceux vivant dans la ruralité », regrette Catherine Lacroix. Le théâtre s’affranchit alors de l’urbain pour aller au plus proche du public. Outre l’ancien Evêché, l’Ombrière et le Pont du Gard, les spectacles se jouent dans les salles communales de St Maximin, Garrigues Sainte Eulalie, Vallabrix et le château de Flaux. Quant au prix, des abonnements et des cartes d’adhésion donnent lieu à des réductions de tarif. On ne le dira jamais assez : tous au théâtre !

Plus d’informations sur la programmation (cliquez ici). Page Facebook (cliquez ici).

Qui écrit

Suivez nous

IMG_0397

© Copyright Deuxheures 2023 – Toute reproduction interdite – Design par Soleil

Consentement à l'utilisation de Cookies avec Real Cookie Banner