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A Carrefour Uzès, « trois options d’achat »

Article et photo : Linda Mansouri

Frédéric Adrian, directeur de ce lieu incontournable de consommation, nous ouvre ses portes.

De son premier contrat de chef de rayon, au poste de directeur de magasin. Après 20 ans de pérégrinations dans l’univers de la grande distribution, Frédéric Adrian revient à la source en pleine tempête inflationniste. Il nous accueille au cœur des 5200m² du l’hyper Carrefour Uzès situé Pont des Charrettes.  

En déambulant dans les allées, la lumière se fait plus timide, ambiance cosy et extinction de la musique. Voici l’heure silencieuse, « pour accueillir les clients atteints d’un trouble de l’autisme ou préférant les atmosphères calmes », explique le directeur. Avant d’ajouter dans un élan de sincérité : « cela représente également une économie en pleine hausse des prix de l’énergie ».

Dans un futur proche, le chef d’équipe de 41 ans visualise la grande distribution comme un lieu de vie, avec espaces de jeu et ateliers en tous genres dédiés aux enfants. Quant à la technologie, il n’est pas convaincu de sa menace pour l’emploi. A l’accueil, une machine d’entretien intelligente contourne le moindre obstacle avec une agilité déconcertante. Il tempère : « Elle a permis d’affecter le salarié à l’entretien de l’intérieur du magasin, elle n’a supprimé aucun poste ».

Carrefour Uzès ne lésine pas sur l’investissement. Trois bornes de recharge électrique, dont une en recharge rapide, arrivent en janvier. Sans compter le mobilier au rayon frais qui a été remplacé. « Heureusement que l’on a des actionnaires. C’est grâce à l’investissement que l’on peut faire tout ça », souligne le directeur à la tête du magasin depuis six mois. Tout un écosystème. Outre le magasin, les clients ont accès aux stations essence, au drive et également à la location de véhicule.

Nouveau challenge pour celui qui fut chef de secteur alimentaire et stagiaire directeur dans un hyper de 25.000 m² à Vitrolles. « Il peut vous paraitre grand, mais c’est un des plus petits hypers de France », précise Frédéric Adrian. Une surface de vente réduite qui nécessite deux fois plus de réflexion lors du référencement d’un nouveau produit.

Les seniors et le bio

Environ 3000 clients font leurs courses quotidiennement dans ce magasin qui totalise 80% de son chiffre d’affaires sur les produits alimentaires. Pour faire tourner la (grosse) boutique, 140 employés environ forment la masse salariale, dont 7 cadres responsables des univers de produits, de l’administratif, de la relation client, du SAV ou de la location de véhicule.

La clientèle majoritaire ? Les retraités âgés de 65 ans et plus en Pays d’Uzès, vivant seuls, avec animal de compagnie, axés sur le bio et la nutrition. Samedi et lundi, deux jours d’affluence à retenir. « On est très impacté par les maisons secondaires. Les touristes, pour beaucoup anglais et hollandais, viennent dès Pâques jusqu’à septembre », explique Frédéric Adrian. Et d’ajouter : « On est aidé par l’un des plus beaux marchés de France. Le samedi, les clients font leurs courses le matin, puis viennent chez nous dès 11h ». 

« On propose 3 options d’achat »

Face à la redoutable inflation, la consommation des produits à petit prix explose au détriment de la marque nationale pour les produits de première nécessité. Le bouclier mis en place, « pour le même produit, on propose trois options d’achat ». Entendez, la marque propre en entrée de gamme ‘Simpl’, la marque distributeur et enfin la marque nationale.

« Le rapport qualité/prix de ces produits premier prix est irréprochable. Sur ces gammes, le prix a augmenté beaucoup moins vite que les autres produits. Ces marques restent entre 10 et 15% moins chères que les marques nationales, une économie de 20 à 30 euros par caddie », explique le directeur.

Quant à la bataille du plus petit prix livrée par les enseignes françaises, « toutes, sans exception communiquent sur les prix bas. Seulement, une enseigne ne peut pas être moins chère sur 100% des articles », pointe-t-il. Pour lutter contre l’inflation et proposer un prix compétitif, Carrefour mise également sur son efficacité opérationnelle en matière de logistique grâce aux économies d’échelle (ndlr : baisse du coût unitaire d’un produit en accroissant la quantité de sa production).

Comment sont sélectionnés les produits ?

« On a très peu de place. Une fois qu’on a posé nos fondamentaux, est-il légitime de proposer un nouveau produit ? », questionne le directeur. A l’inverse d’un Carrefour avec une clientèle plus populaire, celui d’Uzès ne mise pas sur les commandes de volume. Les rayons bio et animalerie sont, quant à eux, au fait des dernières tendances.

Parmi les 5000 références, le client retrouve notamment ses produits régionaux (moins de 100km) : caves coopératives gardoises, tomme de brebis ou bière Meduz, pour ne citer qu’eux. « Une soirée vins a été organisée au magasin. Le client aime bien voir la personne qui représente son produit. On communique assez mal sur nos partenariats avec les producteurs locaux », reconnait le directeur.

Autre caractéristique, Carrefour Uzès connait « un très bon taux de pénétration dans la région » (ndlr : rapport entre le nombre de clients du magasin et le nombre de personnes de la zone de chalandise). « Un client sur deux qui entre en magasin achète au rayon fruits et légumes », précise-t-il. Les salades Bonnefond par exemple proviennent d’un maraicher basé à Montpellier.

« Je travaille avec eux depuis 20 ans. J’ai connu deux générations dans cette entreprise », abonde Frédéric Adrian pour qui la fidélité et l’historique de la relation pèsent sur la balance. Pour ce qui est de l’ultra local (moins de 10km), les bonbons Haribo en tout genre sont immanquables en rayon.

Quid des promotions ?

Même s’il reste une des variables essentielles, « lors de la négociation, on ne fait pas une fixation sur le prix. Le but est que le partenariat dure dans le temps » insiste le directeur pour qui le « trio gagnant » est primordial. Comprenez : producteur, distributeur et clients satisfaits.

« Il n’y a pas que le prix qui entre en jeu. Je pense au transport, on s’adapte à leur stratégie, on limite les fréquences de livraison si besoin ». Et d’ajouter : « Mon producteur qui a connu le gel, je ne vais pas forcément répercuter le coût sur le prix client ». La loi de l’offre et de la demande est alors seule reine.

Les promotions, une manne financière ? « Détrompez-vous. Plus on fait de promotions moins on gagne d’argent, tient à souligner Frédéric Adrian. Par contre, c’est un ‘faire venir’, on a plus de monde dans le magasin qui achète d’autres produits ».

La marge brut distributeur varie selon les produits et les marques. Derrière ces chiffres bruts, se cachent des frais de personnel, d’entretien, d’électricité… Frédéric Adrian conclut : « les rentabilités des hypermarchés sont très basses, une fois tous ces frais déduits ». Entre 1,5 et 2%, un chiffre souvent évoqué sur la toile lorsque le résultat net en grande distribution est abordé.

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