Article et photo : Linda Mansouri
Le délégué d’Action contre la faim Gard nous partage des bribes de vie qui forment le socle de son engagement.
Barbe et chevelure immaculées, une aura bienveillante se dégage du soixantenaire. Face à son café, le regard lointain, il retrace le fil de son aventure. La narration d’Alain Maïo nous plonge dans un parcours d’une richesse insoupçonnée. Brillant scientifique, l’ingénieur de formation est également visionnaire au service d’une « société meilleure ». Et ceci dès l’âge de 5 ans, il crée un « club d’enfants du quartier » à Nîmes pour prendre le goûter et faire des activités. Fédérer est dans son ADN.
L’activiste met aujourd’hui son énergie au service d’une multitude d’occupations. Il transmet son savoir à la ‘Digital business school’ de Nîmes et s’adonne au plaidoyer auprès d’élus nîmois en faveur de l’agroécologie. Dans le Gard, une soixantaine de bénévoles ACF (Action contre la faim) est chapeautée par l’humaniste à l’éducation catholique. Un scout dans l’âme qui se nourrit de l’activité de terrain et prône la connexion.
Parmi les actions emblématiques de l’ONG ACF : la Course contre la faim. Cette dernière a rapporté près de 38.000 euros dans le Gard en 2022 et sensibilisé près de 3000 élèves. « Agissons ensemble pour développer notre résilience afin que la faim ne soit plus la dernière roue de la charrette climatique », appelle-t-il de ses vœux.
1000 vies. Du nucléaire, à la Fédération du bâtiment, en passant par l’informatique et le tourisme. « J’ai toujours été en action sociale », précise le vice-président Occitanie AJE (Association jeunesse & entreprises), le secrétaire départemental de la CPME, et l’ancien membre du conseil d’administration du Club de la presse Gard.
Un algorithme d’une puissance « inégalée »
C’est pourtant loin du social qu’Alain Maio fait ses armes. Son premier amour ? L’architecture. « On habitait dans le premier immeuble construit à Nîmes à l’époque, boulevard Talabot. Il attirait tous les jeunes étudiants en architecture », se rappelle-t-il. Le voilà lancé dans des études de géomètre pour devenir ingénieur topographe. Il fait partie des 30 sélectionnés sur plus de 1000 pour entrer dans le cursus de l’école d’ingénieur du CNAM, « la plus reconnue des trois écoles du pays ».
Il travaillera par la suite avec le ministère de l’Urbanisme. Objectif ? Développer de nouveaux systèmes topographiques dans les grandes villes, avec Paris en fer de lance. Déjà, il s’emploie à améliorer la vie des gens. « Il s’agissait d’avoir des repères très normaux, pour pouvoir aménager au dixième de centimètre près n’importe quel réseau d’eau, d’habitation, etc. », nous explique Alain Maïo qui collabore avec une batterie de fonctionnaires et d’ingénieurs.
La Fédération nationale du bâtiment le prend dans ses rangs en 1982, en tant qu’ingénieur analyste informatique. Un outil d’amusement au lycée : « j’adorais les langages, automatiser tout ce qui était inerte, les robots ».
Il travaille de concert avec un groupe d’ingénieurs : Ecole des mines, Ecole polytechnique, Centrale… Tous s’emploient à aider les professionnels du bâtiment à mener leurs opérations complexes. Recruté en tant que simple analyste, il met au point un nouveau logiciel de CAO (Conception assistée par ordinateur) en seulement 6 mois. « On a élaboré un système en 2,5D, qui faisait la liaison entre le 2 et le 3D », il vulgarise.
Une complexité mathématique et un niveau de sophistication inégalé. « Il n’y avait pas d’algorithme aussi puissant que celui qu’on avait développé. On travaillait sur des ordinateurs en temps réel, en 82 ça existait déjà, souligne-t-il. Aujourd’hui on peine à égaler la puissance des machines des années 80 ». Le principal concurrent à l’époque ? Dassault qui s’essayait au secteur du bâtiment.
Major de promo
En 1992, le rythme parisien le pousse à changer de vie. Il rentre à Sup de Co Montpellier, pour décrocher un bac plus 7 dans le management des aménagements touristiques. Il en ressort major de promo.
Et comme un stage ne suffit pas, il en mène deux en parallèle, auprès du Comité régional de tourisme Languedoc Roussillon et de la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt (DRAF). Une proposition d’emploi ne tarde pas, Alain Maïo souhaite toutefois « rester libre ». Il crée sa propre entreprise de consulting dans le marketing touristique.
Il propose ses services à des Régions dans tout le pays, des offices de tourisme. Son dada ? Le marketing d’accueil et la gestion des flux touristiques. Il collaborera notamment avec WWF pour un projet d’écotourisme en Camargue : faire transiter à l’époque les touristes sur un bateau électrique via le Rhône.
La connexion : « un chemin de vie »
En 2001, il élargit son champ d’intervention. Alain Maio accompagne une multitude de chefs d’entreprise à la tête de PME. « J’ai sauvé beaucoup d’emplois. Je me suis aperçu de l’utilité de mon métier, très social finalement, explique-t-il. Outre le côté gestionnaire, analyse financière, j’adorais ce côté humain ».
La fibre sociale s’épanouit. En 2017, il rencontre l’ancien Délégué du Gard d’ACF, Antonio Lopez dans un café, avenue Jean Jaurès. « Ce qui m’intéressait, c’était faire en sorte que les entreprises aient un rôle à jouer dans la société », il développe alors le volet RSE. Au bout de 6 mois, le voici délégué ACF Gard, puis membre du Conseil d’administration en juin 2022.
Aujourd’hui, l’équipe ACF Gard sensibilise le grand public pour changer les comportements de consommation. Le tissu est solide et interconnecté. En témoigne la ‘Marche pour le climat’ qui a réuni 1200 personnes et des associations de tout horizon à Nîmes.
« La connexion est un chemin de vie que je dois tracer jusqu’à la fin. C’est mon ADN, explique l’activiste. Souvent, on n’ose pas se joindre aux autres, par peur ou par ego. Cela crée pourtant une synergie énorme. On me demande comment je fais pour être partout à la fois. Je réponds que je ne suis que dans un seul endroit : la connexion. »
Alain Maïo a dernièrement été désigné pour représenter ACF à ‘Coordination Sud’ : un regroupement de 180 ONG dont le but est de porter d’une seule voix celles des ONG françaises. Une chose est sûre, il ne compte pas faire « acte de figuration ».
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