Article écrit par Linda Mansouri, initialement publié sur le média L’Echo du mardi en février 2022.
Après avoir investi les quatre continents et fondé plusieurs entreprises au service de l’humain, Dominique Brogi poursuit le chemin de ses convictions. Les mêmes qui la conduisent aux législatives de 2022.
« Disruptive », le terme résonne dans la salle un bon nombre de fois. Open space spacieux, cartons de marchandises soigneusement rangés, Dominique Brogi nous reçoit dans son fief à Agroparc. La ‘globe-trotter’ déborde d’une énergie contagieuse, gratifie d’un tutoiement naturel, vous plonge dans les méandres de sa vie. Entrepreneure dans l’âme, toutes ses aventures ont un point commun : l’entraide.
C’est officiel, la conseillère régionale de Paca est candidate LR dans la 1ère circonscription de Vaucluse, au côté d’Elisabeth Amoros, Gilles Veve, Julien Aubert, Roger Rossin, Jean-Claude Bouchet ayant souhaité « passer le relais ». « C’est la première fois que je fais une campagne, je suis arrivée là-dedans par un enchainement de choses. Je ne me suis pas réveillée un matin avec un déclic, c’est une suite logique », nous confie Dominique Brogi. L’entrepreneure entend mettre à profit son parcours de chef d’entreprise, sons sens de l’analyse pour trouver des solutions aux problématiques de sa circonscription. « A 56 ans, je rentre dans un environnement où je n’ai aucune zone de confort », souligne-t-elle.
« J’entends et je comprends que les gens en ont marre de la politique. On retrouve très souvent les mêmes personnes, aux mêmes endroits, avec des mandats différents », déplore la candidate. L’expérience de vie, la maturité, un logiciel déconstruit et une vision neuve, les planètes semblent être alignées. La comète Julien Aubert ne tardera pas à lui tendre la main pour les législatives de juin. Le président LR de Vaucluse lui confiera alors : « je pense que tu peux être celle par qui la différence peut arriver ».
Aux quatre coins de la planète
Un globe terrestre. Enfant, elle le tourne des heures durant dans sa chambre, positionne les pays, apprend par cœur leur nom. Cette sphère anodine lui donnera le goût de l’aventure et ouvrira ses horizons. A quoi ressemble la vie ailleurs ? Celle qui naît à Madagascar arrive en France à l’âge de 3 mois. Elle grandit dans un quartier populaire, élevée par sa maman avec des moyens très modestes. « Je n’ai manqué de rien, mais la viande par exemple, c’était une seule fois par semaine », se remémore-t-elle. Très vite, Dominique Brogi se découvre une passion : les langues. Son accent naturel et la richesse de son vocabulaire la conduisent tout droit vers un bac littéraire avec 3 langues vivantes, puis un BTS Commerce international à Grenoble.
Au sortir des études, elle jette son dévolu sur l’Angleterre avant d’aller à Montréal. L’oiseau s’envole, dort par terre dans un 30m², faute de moyens pour s’acheter un matelas tout de suite. « J’étais très fière d’être indépendante », conte Dominique Brogi qui fait très vite ses preuves. Elle devient directrice générale des ventes à l’international à seulement 21 ans. Suivront des voyages d’affaires dans tout le globe. « L’avion, c’était ma maison et le fil conducteur d’une telle vie est la solitude liée à la délocalisation et les temps de voyage », explique-t-elle.
Explorant des environnements et des cultures différentes, Dominique Brogi écoute les aspirations et les besoins de chacun. La trajectoire est celle d’une entrepreneure animée par cette volonté de changer les choses. « C’est un tempérament qui s’est imposé à moi, c’est l’histoire de ma vie, aider depuis que je suis petite, quel que soit le milieu », indique l’élue. En France, l’extravertie à l’américaine, l’enthousiaste naturelle détonera dans un environnement plus mesuré. « Ceci dit, une fois que tu casses cette première barrière, une relation quasiment fusionnelle se crée », relativise-t-elle.
L’aventure ‘Monshérif‘
Après dix années passées à Tahiti, direction Paris. Dominique Brogi se voit confier un mandat dans une société éditrice de solutions digitales. En 2013, elle crée un réseau nommé Fabtown (la ville fabuleuse) qui met en relation, par des notifications et une carte dynamique interactive, les personnes selon leurs centres d’intérêts. Des fonctionnalités révolutionnaires à l’époque. L’application permet également l’entraide autour de sujets graves ou le partage de services. Suivra le même principe au service des collectivités avec l’application en marque blanche FabVille, précurseur des applications citoyennes disponibles partout aujourd’hui.
En mai 2016, la chef dentreprise donne naissance à ‘Monsherif’. Le dispositif qui prend la forme d’un bouton connecté sera démocratisé en 2018. ‘Monsherif’ permet à partir de simples clics discrets et géolocalisés de communiquer, d’alerter et de récolter des preuves, sans avoir à se saisir de son téléphone, car l’urgence ne le permet pas. « Les personnes victimes de violences, les joggeuses agressées, les situations de handicap, l’accident, la chute, l’AVC, ou encore la détresse respiratoire liée à la Covid19 : si on a un bouton sur soi, on peut appuyer dessus sans avoir à parler pour alerter son entourage, on peut agir rapidement », explique-t-elle.
Pourquoi être venue s’installer en Vaucluse ? Tout est question de logistique. Se faire livrer les boutons connectés en plein centre de Paris, le défi relève de la gageure. « Étant tombée sous le charme du Vaucluse, rejoindre le Technopôle d’Agroparc était une évidence », précise-t-elle. Dès les prémices, l’écosystème économique vauclusien croit fermement à cette solution. En septembre 2021, la bonne nouvelle tombe et vient couronner le labeur : ‘Monsherif’ est récompensé par le prix ‘Tech for women’ remis à l’Unesco.
Aujourd’hui, une quinzaine de personnes s’emploient à développer la solution dans l’hexagone. « Quand des personnes m’expliquent leur calvaire jusqu’au moment où elles ont ce bouton entre les mains, je me sens tellement petite, je visualise encore tout ce qu’il reste à accomplir. J’irai jusqu’au bout, pour toutes les personnes vulnérables qui ont besoin de ça », conclue-t-elle en brandissant la version ‘Monsherif’ en bijou scintillant connecté.
Quand la Région se manifeste
Entre temps, Dominique Brogi est élue ‘Femme numérique du Vaucluse’. « J’ai continué à faire mon bonhomme de chemin dans la discrétion, je ne connaissais pas du tout l’écosystème vauclusien. Je poursuivais mon travail pour permettre aux gens de gagner en sérénité et en liberté au quotidien », raconte l’élue. Une convention avec le Tribunal judiciaire d’Avignon voit le jour, avec l’association d’aide aux victimes l’Amav 84. La Maison de protection tenue par la gendarmerie de Carpentras suivra.
En juin 2021, en pleine campagne, Renaud Muselier entend des échos. Une femme a créé une solution inédite au service de la sécurité des citoyens, elle innove, prend des risques et gagne des prix. Sur proposition du président de la Région Paca, la voilà quelques temps après plongée au Conseil régional, « je me suis dit que cela pouvait être une suite logique dans mon engagement. » Dominique Brogi devient conseillère régionale déléguée à l’égalité femmes-hommes, elle siège notamment à la commission ‘sécurité, défense’, et ‘transports et ports’. Pour éviter tout conflit d’intérêt, elle structure la gouvernance de Monshérif, « je resterai toujours l’ambassadrice, c’est mon bébé ».
Avignon, le « miroir » de la France
De fil en aiguille, la volonté se fait plus prégnante : elle sera candidate aux législatives. De l’aveu de Dominique Brogi, « Avignon est le miroir de la France », avec tout ce qu’elle a de plus beau à offrir : un patrimoine « d’une richesse incroyable », une géographie et des paysages « à couper le souffle ». « A côté de ça, tous les problèmes se concentrent de manière très dense : la pauvreté, la dépendance aux aides sociales, l’insécurité… On a tendance à oublier le bon sens : le bien-être des habitants au quotidien. Est-ce que l’on a bien réfléchi ? En matière de transports, de piétonnisation, de logements sociaux. Comment rendre Avignon vraiment agréable, pouvoir se loger facilement, bouger, s’y sentir en sécurité ? », autant de questions que l’élue met sur la table.
L’approche se veut différente : « je pose un problème, je n’arrive pas en conquérante. Je ne me présente pas à l’élection pour être maire d’Avignon. Je prends une circonscription qui sert de zone d’analyse, avec de la remontée d’informations, pour faire enfin des textes de loi dans le sens de ce qui est attendu par la population », explique-t-elle. En matière de vision, Dominique Brogi épouse celle de la cheffe de l’exécutif, dont la carrière a débuté en agence de publicité. « Dominique Santoni est une femme de terrain, elle se fiche de connaître le parti politique en face d’elle quand on lui soumet une proposition », juge l’élue.
« Je ne me présente pas à l’élection pour être maire d’Avignon. »
« Je ne m’estime absolument pas légitime pour avoir des vues sur la fonction de maire d’Avignon, même si je vis ici depuis six ans. En revanche, mon expérience de vie fait ma force pour agir », précise celle qui porte le programme de Valérie Pécresse. « Je le dis à tout le monde : je ne veux pas faire une carrière politique, mais une action politique, ce n’est pas pareil », abonde-t-elle.
La circonscription représente pour Dominique Brogi un territoire animé de défis qui appellent à l’action, une cartographie pour « faire bouger les choses au niveau national et renverser la vapeur ». Et d’ajouter : « Mon enjeu, c’est d’être à l’écoute de chaque personne de cette circonscription. » Avec Valérie Pécresse, Dominique Brogi partage le ‘Faire’, ou la réflexion, la prise de décision, suivie de l’action. « Elle préside la plus grosse région d’Europe. Son parcours est remarquable. Elle est discrète, efficace, pragmatique », énumère Dominique Brogi.
Des bassesses, des mesquineries ? « J’en ai eu toute ma vie. En entreprise, on ne te fait pas de cadeau, encore plus quand tu es une femme. Mais je continuerai toujours à m’engager et à tout donner », conclue la candidate.
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