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Charly Crespe : son ambition pour le Grau-du-Roi

Article et photo : Linda Mansouri

Fervent homme politique et amoureux de la Camargue, un moment avec Charly Crespe.

Comme une tradition, les derniers maires du Grau-du-Roi étaient pour la plupart médecins, « mais pas psychiatres », ironise le chef de file de l’opposition également docteur. Charly Crespe, 35 ans, regard bleu azur et détermination féroce. A 11 ans déjà, sous la majorité d’Etienne Mourrut, on lui donnait du ‘monsieur le maire du conseil des jeunes’ auquel il était membre.

Il y a 20 ans donc naissaient les prémices de son engagement, premiers pas dans les rouages de l’action publique locale. Son militantisme le conduit à postuler au fauteuil de premier magistrat aux élections municipales de 2020. Prochaine date dans l’agenda, une réunion publique est organisée avec son groupe d’élus de droite le 22 juin prochain. Ordre du jour : bilan de mi-mandat de l’exécutif dirigé par Robert Crauste. « On est plus proche des élections suivantes que des précédentes », souligne le conseiller communautaire. Objectif 2026.

« On ne fait pas de la politique pour la postérité, c’est un chemin risqué car on ne la rencontre pas tout de suite et pas tout le temps », entame-t-il. Ce qui l’anime plutôt ? Servir l’intérêt des Graulens. Un défi qui passe par l’attractivité économique, l’aménagement ou la sécurité.

Médiathèque, « il fallait trouver un juste milieu »

Premier dossier, la construction de la future médiathèque intercommunale, comprenant également une salle des rencontres (toutes les informations sur le site de la municipalité ici). « Un projet pharaonique et disproportionné », tranche l’élu. Loin de remettre en cause les actions culturelles, Charly Crespe a milité avec son groupe d’opposition pour trouver un juste milieu. « On aurait pu déplacer la bibliothèque sur le toit de l’école André Quet et l’agrandir dans le cadre d’un plan de rénovation de l’école primaire qui est vétuste et n’a pas reçu d’investissement », proposait-il.

Et d’ajouter : « la nouvelle médiathèque a un toit en forme de vague qui ne permet même pas l’accueil de panneaux photovoltaïques ». Le futur équipement, dont la première pierre vient d’être posée, sera situé à proximité des groupes scolaires, des services sociaux et du Palais des sports et de la culture. L’élu réagit : « ça supprime des places de parking gratuites, pour peu qu’il y ait plusieurs manifestations le même jour, ça risque d’être très compliqué ».

D’autres alternatives à « la bétonnisation »

Le conseiller municipal ne cache pas son opposition au projet d’écoquartier labellisé, entièrement consacré à l’habitat, sur l’ancien emplacement du camping des Pins à cinq minutes du centre-ville (plus d’informations ici). Un des objectifs étant notamment de participer à l’effort en matière de production de logements locatifs sociaux et aidés pour inciter la primo-accession.

« Il y a une idée à creuser pour surélever des bâtiments au Grau, notamment au Boucanet, au lieu de bétonner des espaces verts », dixit l’élu. Ce dernier plaide pour produire davantage de logements, accueillir des résidents en famille à l’année et améliorer l’attractivité économique de la ville. Toutefois il s’interroge :« est-ce que la seule solution est de le faire sur un terrain qui pourrait accueillir par exemple des jardins partagés ? Dans une ville où je le rappelle le parc immobilier est composé à 80% de résidences secondaires ? ».

Discussions au sujet du dossier de l’urbanisation en centre-ville. Photo DR

« Dans le cadre du PLU (ndlr. Plan local d’urbanisme) la majorité n’a pas souhaité le faire, de passer de 3 à 5 étages par exemple et d’accueillir ainsi des foyers sur du logement aidé et de l’accession sociale à la propriété », regrette-t-il. Il encourage également une politique de transformation des résidences secondaires estivales. « Pour la plupart, elles ne sont pas bien isolées. Lorsqu’elles accueillent des locataires à l’année, la consommation énergétique devient importante », souligne-t-il. 

Le ‘Bail réel solidaire’

« Une ville se développe au travers de sa population qui grandit, on l’entend », poursuit l’élu. Lors de sa campagne de 2020, Charly Crespe avait suggéré le BRS, ‘Bail réel et solidaire’. « Ils ont balayé ça d’un revers de main et finalement, Robert Crauste envisagerait de le faire pour les éventuelles prochaines tranches de l’écoquartier ! », indique-t-il.

Le principe : un ménage est propriétaire de sa maison, mais est locataire de son terrain. Il loue le terrain via un bail réel solidaire (BRS) auprès d’un organisme foncier solidaire. L’intérêt : l’achat du logement revient moins cher, sachant « que le prix du foncier au Grau joue pour beaucoup ».

« Si l’on veut vraiment aider les plus modestes à accéder à la propriété, on s’engage vraiment. Si l’on voulait privatiser ces espaces au motif du logement locatif aidé, affectons 100% des logements sur ces familles ? Pourquoi faire de l’entre deux avec 50% de logements privés ? », questionne l’élu qui dénonce un « double discours teinté d’hypocrisie ».

L’incivilité c’est aussi « mettre la musique à fond sur la plage »

Il rappelle les chiffres : « 8500 résidents l’hiver, autour de 120 000 personnes l’été ». « Il y a manifestement un sentiment d’insécurité d’une partie de la population. Les commerçants se plaignent de vols chaque été », regrette Charly Crespe. Et d’ajouter : « l’incivilité n’est pas forcément criminalité. Cela concerne aussi celui qui met la musique à fond sur la plage, sans se soucier de son voisin, on touche au vivre ensemble sur l’espace public ».

Le train à 1 euro ? « Une erreur de le supprimer, plaide-t-il. On devrait avoir un train à 1 euro toute l’année pour tout le monde, notamment les habitants du Grau qui veulent travailler à Nîmes, car aujourd’hui les Graulens ont le sentiment de n’avoir que les inconvénients de ce train sans en avoir les avantages. » La solution est ailleurs. « On constate une forte progression d’agents ASVP et de policiers municipaux. Mais cela ne suffit pas l’été. On devrait avoir plus de forces de gendarmerie. Il n’est pas normal que la Ville compense avec la police municipale l’insuffisance de l’Etat pour assurer la tranquillité », déplore-t-il.

Charly Crespe en échange avec des concitoyens à l’issue de la réunion publique du 2 février 2023. Photo DR

Quid du parking en silo

Réduire l’usage du véhicule individuel est une nécessité. « Je suis d’accord pour réduire des parkings, mais aucune politique alternative de transport n’est proposée », pointe l’élu. Ce dernier avait d’ailleurs suggéré la construction d’un parking en silo en entrée de ville. « Côté parking du port de pêche au Boucanet, cela aurait permis de se garer directement et de désengorger le pont levant. L’option a été écartée. Le maire commence à l’évoquer derrière les arènes, ce n’est pas le meilleur endroit », juge Charly Crespe.

Outre l’aménagement, la démocratie locale est un cheval de bataille. Le groupe de réflexion organise des réunions publiques sur des thématiques telles que les traditions ou le logement. Le Grau vous parle, le magazine de l’opposition en est à son 4e exemplaire. Un numéro sort avant chaque réunion publique et permet l’expression des riverains dans ses colonnes. Parmi les témoignages, un parent d’élève monte au créneau suite au regroupement d’écoles « vécu comme une fermeture ».

Contacter le groupe d’opposition : contact@legrau.fr

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