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Pourquoi la Banque alimentaire du Gard est indispensable

Article et photo : Linda Mansouri

Les denrées se comptent en tonnes, les repas en milliers.

Un travail homérique. Des tonnes de produits alimentaires et d’hygiène transitent au Marché gare quotidiennement avant d’être distribuées à 86 associations gardoises partenaires. Un formidable élan de générosité qui se nourrit de la puissance du bénévolat.

A l’entrepôt de 960m², la ruche est en ébullition. Chacun met du cœur à l’ouvrage jusqu’à former un ballet millimétré. A droite le tri des légumes, à gauche les manutentionnaires déplacent les centaines de briques de lait. Le tout avec un sourire contagieux. Joseph Pronesti aborde un bénévole, il est malentendant. Un autre fait ses heures de TIG (Travaux d’intérêt général). Le jeune homme au fond provient de l’Ecole de la deuxième chance. Outre réchauffer les panses et les cœurs, la Banque alimentaire 30 est un véritable chantier d’insertion sociale.

Joseph Pronesti ne fait que rendre ce qu’on lui a donné. Fils d’immigrés italiens arrivés en France en 1959, le président de l’antenne gardoise connait « le déracinement, le froid, la faim et le racisme ». Le père trouve un emploi de bûcheron, la maman est mère au foyer. « Elles ne devraient même pas avoir besoin de cotiser, on devrait leur donner une retraite à taux plein », propose celui qui voue une admiration à ces femmes soldats.

La famille Pronesti gravit les échelons, à force de labeur mais aussi grâce à la bonté de certaines âmes qui ont tendu leur bras sans rien attendre en retour. Qu’à cela ne tienne, le jeune Joseph le rendra à la société. A Aramon, il ouvrira une épicerie solidaire en 2014 pour « redonner de la dignité à ces personnes en précarité ». Aidé par son épouse, il nourrira 1000 personnes écorchées par la vie.

1 525 tonnes

La Banque alimentaire 30 est une béquille, une bouée de secours lorsque la machine régalienne s’enrhume (on parlera plutôt de Covid long à ce stade). Les chiffres parlent d’eux même : 37 188 bénéficiaires étaient recensés fin 2022. Le nombre ne cesse de croître, symptôme d’une précarité grandissante dans la société. L’inflation vient porter le coup de grâce. « Le point commun entre les bénéficiaires, c’est le reste à vivre inférieur à 6 euros par jour et par personne », nous explique le président qui se base sur les données des CCAS (Centre communal d’action sociale) et des assistantes sociales.

Il met dans les bras de l’ex-premier ministre Jean Castex un panier moyen de 11 euros lors de sa venue. « Je lui ai montré qu’avec ça, on pouvait se nourrir et se laver pour une semaine », se rappelle-t-il. Dernièrement, c’était au tour d’Elisabeth Borne. L’actuelle première Ministre a souhaité observer cette machine bien huilée. 1 525 tonnes de denrées ont été distribuées l’année dernière.

Petit échantillon d’une famille monumentale. Crédit photo : Banque alimentaire du Gard

Les bénéficiaires viennent de tout horizon. Parmi eux, la famille très modeste, la maman isolée, l’homme touché par la maladie qui tombe progressivement dans la précarité. Le président soutient mais garde une distance émotionnelle vitale, « ça me ferait trop de charges sinon ». L’association est installée au Marché gare depuis 1991. 660m² appartiennent à la Banque alimentaire du Gard, 300m² sont loués à la SPL Agate.

12.000 repas par jour

Parmi les associations partenaires, on trouve les unités locales de la Croix Rouge, les CCAS, le Samu social, la Croix de Malte, des associations protestantes… Une quinzaine d’associations viennent se fournir par jour. Entre 10 et 12.000 repas sont quotidiennement distribués. « Et ce n’est pas que des pâtes et du riz », précise le président qui tient à l’équilibre nutritionnel.

Ces associations sont toutes munies d’une habilitation à distribuer, délivrée par la préfecture de Région. Les équipes de la Banque d’alimentaire ne lésinent pas sur les formations. Trois fois par an, les membres se déplacent chez les partenaires afin de les former sur la chaine de froid et les normes d’hygiène et de sécurité. « On évoque la DLC, la DLUO, les produits interdits à la distribution », liste Joseph Pronesti faisant référence aux produits à base de crème fraiche qui sont persona non grata.

Chacun son rôle

Aux côtés des bénévoles, sept salariés dont deux CDI. Le travail est tel qu’il a fallu titulariser sur les fonctions stratégiques. Joseph Pronesti n’est pas salarié, il n’est pas non plus « un Président-Dieu tout puissant ». Il délègue à son équipe opérationnelle la manœuvre quotidienne tout en contrôlant l’activité. « C’est une sacrée machine à faire tourner », souligne celui qui fut vice-président de la Banque alimentaire 30.

Chacun joue sa partition à merveille. La coordinatrice chapeaute l’approvisionnement et la distribution. Chaque Chargé d’alimentation réseau (CAR) gère le relationnel avec environ huit associations. « On peut les aider aussi bien en distribution qu’en informatique, en cuisine pour faire des repas équilibrés, ou même pour les demandes de subvention », explique le président. Les responsable d’hygiène et sécurité alimentaire ont quant à eux un diplôme et sont formés à Paris. Et puis il y a cette armada de 90 bénévoles, sans qui rien n’est possible.

Qui sont les donateurs ?

Les denrées proviennent essentiellement des Grandes et moyennes surfaces avec qui une convention annuelle est établie. Tous les jours, en début de matinée, les bénévoles sont à pied d’œuvre avec leurs camions frigorifiques pour récupérer les produits retirés des rayons. En cas d’alerte sanitaire, la traçabilité est assurée grâce à l’étiquetage et au suivi informatique. Lors de la collecte nationale de novembre, 165 magasins gardois ont joué le jeu, 1400 bénévoles ont été mobilisés.

Joseph Pronesti, président de la Banque alimentaire du Gard. Crédit photo : Linda Mansouri

Pour les magasins de plus petite taille, les boulangeries et autres épiceries, la plateforme ProxiDon fait son entrée. « Elle permet aux bénéficiaires de la zone géographique d’aller directement à la boulangerie récupérer les produits », explique le président qui préfère ceci à une récupération mercantiliste d’un acteur privé.

Et puis il y a ces paysans, ces agriculteurs en SARL qui donnent des palettes de fruits. Cerise, brugnon, abricot, à hauteur de 70 cagettes de 4kg. Une convention a également été passée avec Le Mas des agriculteurs (notre article ici). « On récupère des produits de qualité », se réjouit Joseph Pronesti qui en échange leur livre un Cerfa afin de défiscaliser. Parmi les autres partenaires : la CNR, GRDF, Casino, le Rotary club, les CCAS ou les collectivités locales. Certains aident financièrement, d’autres matériellement ou humainement.

Développer le mécénat et la communication

Le président a à cœur de valoriser ces partenaires, mécènes et donateurs. Il invite quand il le peut les élus à visiter l’entrepôt ou le président de l’Université de Nîmes, Benoît Roig. Une sensibilisation au gaspillage est mise en place dans les écoles, collèges, lycées et à l’Université. Il souligne néanmoins : « Ce qu’il manque à la Banque alimentaire, ce sont des artistes de grande notoriété, comme Adriana Karembeu, Julien Doré ou Goldman ». Alors il prend attache, fourmille d’idées pour développer la communication. Dans le cadre de la Coupe du monde de rugby, un partenariat avec le RCN et le club des Angles aura pour but de multiplier les actions de visibilité et de solidarité.

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