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L’égalité républicaine selon Vincent Bouget

Article et photo : Linda Mansouri

Services de proximité, équipements publics, urbanisme, un moment avec le chef de file de l’opposition de gauche à Nîmes.

Comment restaurer l’égalité républicaine ? Vous avez deux heures. Une longue discussion s’engage mêlant idéologie et pratique. La ‘méritocratie française’. Un noble étendard qui confère à tout enfant de la patrie la même chance de réussite, indépendamment de son niveau de revenu, du ‘piston’ salvateur ou de son cadre de vie.

L’ascension sociale méritante, grâce à la seule force de son travail. Sur le papier en tout cas. L’égalité républicaine est-elle une utopie ? « Il y en a qui sont plus égaux que d’autres, entame le secrétaire départemental PCF. L’égalité des chances, il ne suffit pas de la proclamer. Il faut s’attacher à démonter les déterminismes sociaux, les structures de domination qu’il peut exister, raciste, sexiste, culturelle, sociale ».

« Demandez à quelqu’un qui ne vit pas correctement d’attendre 25 ans »

Le premier tremplin vers l’égalité républicaine ? La cadre de vie. En d’autres termes, réaménager l’espace, réhabiliter le parc de logements, favoriser la mixité sociale. « Ces quartiers-là forment la jeunesse du pays », juge Vincent Bouget en référence à l’un des ensembles les plus pauvres de France : Pissevin-Valdegour.

Une politique d’action publique volontariste qui passe par l’aménagement. L’élu d’opposition ‘Nîmes citoyenne à Gauche’ salue l’effort d’investissement dédié à la réhabilitation des copropriétés dégradées dans le cadre de l’Anru. Le NPRU consacre en effet à Nîmes l’enveloppe la plus ambitieuse proportionnellement à sa taille.

« Les investissements sur les bâtiments ne font pas tout », il tempère. Avant d’aborder les longueurs d’exécution et les retards : « Demandez à quelqu’un qui ne vit pas correctement d’attendre 25 ans », pour beaucoup, une perspective lointaine.

Les immeubles Jean Perrin, Avogadro à Valdegour (la plus haute tour du Gard, 60 mètres et 19 étages), Jean Moulin et Bruguier au Chemin-Bas d’Avignon, tous ont été concernés par la destruction. Vincent Bouget évoque alors le souvenir. « On a sous-estimé la mémoire. Quand on détruit des tours, on détruit aussi des racines, une perte d’identité s’en suit », pointe l’élu pour qui la rénovation aurait pu être une solution.

« On ne se permettrait pas ce manque d’entretien dans d’autres quartiers de la ville », souligne le conseiller municipal qui cite l’aménagement des quais de la Fontaine. « C’est bien pour les touristes, et ceux qui y vivent, mais toute la population doit se réapproprier l’espace public », appelle-t-il de ses vœux.

Il milite contre le saupoudrage : « Contrairement à ce qu’on dit, on ne met pas plus d’argent sur les quartiers prioritaires que dans d’autres quartiers de la ville. Ce n’est pas suffisant, au regard de toutes les améliorations nécessaires pour les populations de ces quartiers. On ne va pas s’auto-congratuler parce que l’on donne quelques milliers d’euros à un projet ou une association ».

« Un embellissement de vitrine »

« On considère que la ville a connu un embellissement de vitrine », assène le conseiller départemental en charge des Sports. Même si l’avenue Feuchères et le Musée de la Romanité concourent au rayonnement, « on construit la ville en fonction des investisseurs potentiels ».

« Ce n’est pas une des villes des plus riches de France, c’est dur de voir que les gros projets mangent beaucoup d’investissement », regrette Vincent Bouget qui cite aussitôt le Palais des Congrès et ses 56,3M€, « sans doute plus avec l’inflation ».

Un Palais des Congrès pour qui ? « Pas pour les habitants du quartier, rien n’a été pensé en terme de circulation, il y aura à coup sûr des problèmes de stationnement, rétorque Vincent Bouget. Pas forcément pour les hôteliers et restaurateurs de la ville non plus, puisque des hôtels de luxe vont s’installer à la place de l’hôtel de la CCI et qu’une restauration est prévue en interne. » Enfin un palais des congrès dont « l’allure surdimensionnée » va contribuer à « densifier et bétonner ce quartier ». 

Un investissement « qui se fera au détriment des équipements utiles aux habitants de la ville ». Et de citer : « des équipements sportifs, un conservatoire dont le plafond d’une des salles est retombée, un auditorium en centre-ville, des salles associatives dans les quartiers ».

La gauche aurait préféré la rénovation « des bâtiments existants du patrimoine municipal laissé à l’abandon : hôtel Séguier, Maison de l’avocat des pauvres, du patrimoine municipal très dégradé : locaux de la rue des Chassaintes, la partie du Chapitre de l’école des Beaux-Arts, le Conservatoire », liste Vincent Bouget.

La Poste et les professionnels de santé

Dans le cadre de l’appel à projets ‘Contrat de ville’ de Nîmes Métropole, une enveloppe de plus de 2M€ est dédiée à financer des actions au service des quartiers populaires. Lors du vote du budget 2023 au conseil municipal, l’élu déplorait toutefois le choix de la municipalité de « baisser le volume global des subventions de fonctionnement par rapport à l’année dernière », qui nuirait fatalement « à l’activité des associations vivant de subventions ».

« C’est très bien ce que font les assos, mais il faut une politique de réinvestissement public dans ces quartiers », abonde Vincent Bouget. A commencer par La Poste : « on se bat régulièrement pour ne pas fermer les bureaux ». Quant aux médecins, « ils sont prêts à s’installer mais ne trouvent pas de local, c’est quand même fou ». 

Une histoire de « capital culturel »

L’égalité républicaine, c’est aussi avoir accès aux mêmes conditions d’accompagnement scolaire à la maison. Au collège des Oliviers classé REP, « beaucoup de parents peuvent prétendre à des bourses scolaires mais ne remplissent pas de dossier car l’accès administratif est trop compliqué », pointe l’élu. Dans le cadre de la Politique de la ville, une enveloppe est dédiée à financer des ateliers sociolinguistiques. « Certains parlent français mais n’ont pas forcément le capital culturel pour aider. Il y a un effort particulier sur ces questions d’accompagnement scolaire », souligne Vincent Bouget.

Pour le conseiller municipal, l’Etat doit prendre toute sa part. Il cite alors le dédoublement des classes qui fonctionne. « Les conditions d’apprentissage à 12 ou à 30, ce n’est pas pareil. L’Etat s’est désengagé, en laissant aux communes le soin de gérer le périscolaire. Il y a beaucoup de ‘turnover’, les enseignants ne sont pas assez formés et c’est peu rémunérateur », la messe est dite.

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